Râ et mon droit [PV Oneshot]

Les braises crépitaient avec ardeur… L’âtre de pierres taillées avait comme usage non seulement de chauffer la pièce mais aussi de servir de point de chaleur pour cuisiner. Shra’na guettait avec une attention toute particulière la marmite qu’elle avait déposé sur le feu plutôt dans la matinée. Assise sur un petit tabouret, la maîtresse de maison remuait la cuillère en bois, afin que le ragout mijotant soit bien mélangé et n’attache pas de trop. De temps en temps, elle regardait à travers la fenêtre, observant la neige tomber au dehors… Les flocons tourbillonnant montraient combien le vent léger mais froid soufflant sur toute la région.

La porte de la maison s’ouvrit soudainement, laissant un petit courant d’air s’infiltrer et perturber quelques secondes les flammes se dégageant de la cheminée. L’homme qui venait d’entrer referma aussitôt la porte d’un coup ferme de son pied, avant de déposer les bûches qu’ils tenaient dans ses bras sur la table. Il était bien enveloppé dans des vêtements en peau de bête partiellement couvert de neige et de givre. Shra’na et l’homme échangèrent un regard tendre, elle lui glissa même un peu sourire.

Retirant le vêtement qui recouvrait sa tête, Bro’ko fit descendre doucement ses yeux sur le ventre rond de son épouse. Cela faisait presque cinq lunes maintenant qu’un petit être était en train de se développer en son sein. Une naissance était toujours un événement particulier sur Amun’t, mais celle-ci l’était d’autant plus qu’il s’agissait de leur premier enfant. Ils étaient encore jeunes, encore inexpérimentés, mais l’un et l’autre faisait en sorte de prendre soin de ce petit être et de préparer son arrivé.

Une fois ses vêtements de dehors retiré, Bro’ko alla rejoindre sa femme prêt du feu… Tous deux s’aimaient véritablement. Posant sa tête sur l’épaule de sa femme, Bro’ko passa calmement sa main sur le ventre, le caressant doucement.

« Tu crois que ce sera un garçon ou une fille ? »

« Vu les coups qu’il commence à donner, je pense que ce sera un petit garçon. Aussi fort et intrépide que son père… »

Bro’ko avait souri mais une certaine inquiétude pouvait se lire sur son visage. Une chose que Shra’na n’avait pas tardé à remarquer. Elle posa alors une main délicate sur son cou.

« Qu’est ce qui te tracasse ? »

« Un nouvel émissaire est venu dernièrement… Cer’tor l’a renvoyé en refusant encore la proposition faîte par le seigneur Taténen… »

« Pourquoi est-ce que tu t’inquiètes tant ? Je suis certaine que notre seigneur Taténen comprendra que nous sommes attachés à cet endroit, à nos maisons, à nos vies ici. »

« Mais c’est un seigneur. C’est notre seigneur… notre roi… c’est Râ lui-même qui nous l’a envoyé pour nous guider et nous protéger. En refusant de partir d’ici, nous lui désobéissons...

Et puis… je pense à lui ou à elle… »

Tout en prononçant ses mots, Bro’ko reporta à nouveau son attention sur le ventre de sa tendre épouse.

« Je ne dis pas que nous sommes malheureux ici… Mais la vie est dure. Nous aurions une toute autre vie en partant pour la cité. J’ai entendu ce qu’en disait l’émissaire. Les descriptions qu’il en fait est vraiment incroyables… Dans toutes les maisons, on peut avoir de l’eau chaude, sans avoir besoin de la faire chauffer sur le feu. Il paraît que l’obélisque du Grand temple de Râ est si imposant qu’il peut couvrir de son ombre une centaine d’hommes… »

Shra’na ne répondit rien… Bro’ko continuait de lui rapporter ce qu’il avait entendu sur la cité de Taténen. Elle aussi commençait à réfléchir…

« Tu serais prêt à désobéir à ton père ? »

Shra’na et Bro’ko se regardaient l’un et l’autre dans les yeux… La question était d’importance. Il ne se l’avait jamais vraiment posée… du moins pas dans ces circonstances et ne cherchant jamais vraiment à y répondre… Il sentait cependant que le temps était peut être venu de trouver cette réponse.

Debout devant sa couche, Saneb était en train de fixer les points d’ancrage de son armure. D’abord, les pièces couvrant les épaules, puis les fixations du plastron… Il maniait les différentes pièces de son armure comme s’il s’agissait d’une seconde peau, sans aucune hésitation. Finissant de fixer sa jambière gauche, il vit arriver Marek en courant…

« Tu es en retard… »

« Vraiment ? Tu crois ?? »

Marek savait parfaitement qu’il avait trop traîné à lire les documents que Taténen lui avait permis d’étudier sur la propulsion du Ha’tak… Il faisait le maximum pour s’équiper en un temps record.

« C’est vrai alors ? On part vraiment pour le camp ? »

« Oui… Maître Na’Alep l’a encore confirmé quand tu n’étais pas là. »

Marek venait de retirer ses vêtements ordinaires pour enfiler les dessous qui allaient lui permettre de porter l’armure elle-même.

« Tu penses qu’il pourrait nous demander de… »

« Je ne me pose pas la question… Je ferai ce que notre maître nous demandera de faire et tu devrais en faire autant…»

« Je sais… Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que ce sont des gens de notre peuple… Je veux dire, ils sont comme toi et moi. »

« Non ! Ils ne sont pas comme nous… Souviens-toi de ce que l’on était toi et moi avant que Taténen ne revienne. Souviens-toi de ce que nos vies auraient dû être et de ce qu’elles sont à présent… De ce que nous sommes maintenant ! Et c’est grâce à Taténen ! Parce que nous avons fait le choix de le suivre et de lui obéir. Ces gens ont fait leur choix… »

Marek resta un bref instant à regarder Saneb… Tous deux étaient comme des frères, bien qu’ils ne soient pas de la même famille. Saneb avait toujours rêvé d’une autre vie que celle de garçon de ferme. Il agissait toujours par instinct et de manières spontanées. Marek était la pensante des deux. Il réfléchissait toujours, parfois trop… Mais ces différences de caractères faisaient justement que tous deux étaient complémentaires et s’entendaient bien malgré tout… une relation d’aîné à cadet s’était installée depuis leur enfance entre eux.

« Tu as raison… Excuses-moi. »

Saneb se mit à sourire et lui donna une petite tape amicale sur le bras.

« Allez… dépêches toi. On se retrouve au cargo ! »

Saneb venait d’enfiler son casque et quitta la pièce. Marek redoubla d’effort pour s’équiper le plus rapidement possible et rejoindre les autres Taténos. Lorsqu’il eut fini de s’équiper et de mettre son casque, Marek rejoignit les autres à grande foulée, juste au moment où Na’Alep était en train de faire un passage en revue de la garde. Marek ne put échapper à ce petit regard réprobateur dont le prima de Taténen avait le secret… Les portes intérieures du hangar s’ouvrirent alors, permettant ainsi à la silhouette de Taténen d’entrer. Comme à l’accoutumé, le goa’uld salua chacun de ses Taténos d’un signe de la tête… Une fois Taténen à l’intérieur du cargo, ces gardes montèrent à bord dans une coordination parfaite et quasi mécanique. Quelques secondes plus tard, le Tel’tak quittait le hangar de la garnison en filant dans les airs.

A bord, Taténen n’avait pour une fois pas pris les commandes de l’appareil. Il se tenait debout devant la console centrale du cargo, les bras croisés sur son torse et la main droite sur le menton. Na’Alep se présenta à lui.

« Quels sont vos ordres, mon seigneur ? »

Taténen semblait songeur et ne répondit pas de suite. Restant parfaitement immobile, il tourna simplement ses yeux vers son prima.

« Pas de manœuvres brusques. Nous devons impressionner… non pas terroriser. »

Taténen et Na’Alep continuèrent à s’entretenir un instant, le goa’uld lui donnant ses ordres et lui présentant la manière dont il voulait que les choses se passent. Lorsque tout fut entendu, Na’Alep acquiesça et s’adressa à nouveau à Taténen.

« Mon seigneur… Puis-je vous demander pourquoi Alec’to nous accompagne ? »

« Pour qu’il voit et qu’il entende… »

Taténen n’en dit pas plus… Les mots restèrent assez mystérieux pour le Jaffa qui se contenta de ça…

Le ciel terne, et remplis de nuages chargés de neige, couvrait l’ensemble de la région où le camp était installé. Les rayons du soleil n’arrivaient pas à percer l’épais manteau nuageux, mais empêchait que les températures ne baissent encore de trop.

Cer’tor était en train de déblayer une fois de plus, le petit espace qui faisait office de place centrale du camp, avec l’aide de quelques hommes volontaires. Il était le chef de ce camp… Il ne l’avait pas fait par choix. Non. C’est son frère qu’il lui avait confié cette tâche… son frère Menelok. Il pensait souvent à lui… et à la manière dont sa vie avait pris fin…

Il était présent ce jour-là… Ce fameux jour où cet étranger s’est présenté aux yeux de tous, prétendant être Taténen. Chaque jour, il revoit son frère se mettre à genou devant l’étranger, baiser son sceau et tenter de le poignarder… Il entend encore le bruit des décharges d’énergie de l’arme du jaffa… frappant et carbonisant la chaire de son frère à plusieurs reprises… avant qu’il ne se s’effondre…

Contrairement à son frère, Cer’tor ne doutait pas que Taténen soit vraiment celui qu’il prétendait être. Pour lui, cela ne faisait pas de doute… Il s’agissait bien de leur seigneur qui s’en était retourné auprès d’eux… Mais cuirassé dans son orgueil et sa fierté, à l’instar de son frère, il considérait comme un affront à sa famille d’accepter de vivre dans le même endroit que celui qui avait pris la vie de son frère, quand bien même ce dernier est son seigneur. C’est pourquoi, il avait refusé à deux reprises d’aller s’installer dans la nouvelle cité construite par Taténen. Le charisme et l’influence qu’il pouvait avoir sur ses semblables faisait que si lui refusait une telle proposition, c’est qu’il devait bien y avoir une bonne raison.

Il ne voulait en rien désobéir à Taténen, ni même s’opposer à lui. Il demandait juste à continuer à vivre comme il l’avait toujours fait, avec les siens… Se voir devenir grand-père et laisser le temps faire son œuvre… Il était confiant… Son refus n’entrainerait pas de conséquences fâcheuses… Il en était certain.

La dernière pelletée venait enfin de venir à bout de la neige collante qui recouvrait la place. Alors qu’il venait de taper légèrement un tas de neige avec le plat de sa pelle, pour la tasser, un des hommes du groupe l’interpella.

« Cer’tor… Regarde là-haut !! »

Ses yeux se braquèrent aussitôt dans la direction qui lui était indiquée. Un point sombre se déplaçait dans le ciel et s’approchait de plus en plus du camp. Cer’tor fini par reconnaitre l’allure de ce qui était en train d’approcher… Cela ressemblait beaucoup au vaisseau dans lequel Taténen était revenu sur Amun’t. L’espace d’un instant, Cer’tor sentit sa gorge se serrer quelque peu…

« Cet engin vient de la cité… »

La nouvelle ne tarda pas à faire le tour du camp… Nombreux sont ceux qui quittaient leur maison pour venir sur la place centrale, voir même en dehors du camp pour observer l’appareil. Cer’tor avait un certain pressentiment…

Le cargo fini par arriver tout près du camp… Ralentissant l’allure, il dégagea un léger panache de neige avant de se stabiliser et de rester en vol stationnaire à une dizaine de mètre de ce qui faisait office d’entrée du camp. La trappe ventrale s’ouvrit alors et laissa les anneaux de transfert s’échapper et s’activer.

Une dizaine de Taténos se matérialisèrent alors. Quittant la formation en cercle qu’ils avaient adopté pour le transfert, les gardes se divisèrent en deux rangs égaux. La foule qui les observait restait sans voix… Pas un bruit n’émanait d’eux… Tous avaient leurs yeux fixés sur ces hommes en armure, armé chacun d’une lance-serpent, effectuant des mouvements aussi précis et coordonnées, comme s’ils n’étaient en fait qu’un seul et même être.

Les Taténos commencèrent alors à avancer en rang… Naturellement, les gens devant eux s’écartaient, se poussaient pour dégager le chemin devant eux jusqu’à la place centrale. C’est alors que les anneaux s’activèrent à nouveau… Na’Alep et Alec’to se matérialisèrent à leur tour. Si Na’Alep portait l’armure des Taténos, Alec’to lui portait une tenue adaptée au froid, assez élégante. Alors que Alec’to suivait les Taténos, Na’Alep s’écarta et attendit que les Taténos soient en place. Alec’to regardait les habitants du camp… Il en reconnaissait certain, mais se retenait de leur faire signe ou bien de les saluer lorsqu’ils étaient à distance suffisante. Non. Alec’to restait parfaitement impassible. Une fois que les Taténos eurent prit position autour de la place centrale, Na’Alep prit la parole avec suffisamment de force pour qu’on l’entende.

« Kel’Kol… Slel Taténen ! »

Aussitôt les anneaux descendirent et matérialisèrent le goa’uld. Le silence dans la foule était encore plus pesant… C’était la première fois, pour chacun d’eux, qu’ils voyaient Taténen de leurs yeux, depuis qu’il était de retour. Il fallut quelques instants pour que tous prennent conscience de la situation et qu’ils finissent par s’incliner. Cer’tor sentit un frisson courir le long de son échine lorsqu’il reconnut Taténen… Il ne s’attendait pas à ce qu’il vienne en personne.

N’ayant toujours pas bougé, Taténen observait de sa position la foule ainsi rassemblée. Son regard était impassible, assez froid, presque dur. Il était tout de noir vêtu. Bottes en cuir noir, pantalon, gilet, ceinture… tout était en noir. La veste qu’il portait était longue, tombant jusqu’à ses tibias, et ajustée. Des pièces en or couvraient une partie du col droit et ses épaules… Il avait grande allure et imposait une fois de plus par sa présence.

D’un pas lent et mesuré, Taténen commença à avancer à travers le chemin que les Taténos avaient formé. Une fois sur la place centrale, Taténen ne tarda pas à prendre la parole, usant de sa voix symbiotique.

« Que celui qui répond au nom de Cer’tor se présente devant moi. »

C’est la gorge nouée et le cœur quelque peu palpitant que Cer’tor s’avança vers Taténen. Aussitôt le goa’uld porta ses yeux sur lui et commença à le détailler de haut en bas. Cer’tor s’inclina pour lui montrer son respect. Alors qu’il allait prendre la parole, Taténen le coupa brutalement.

« Silence ! Et à genoux devant moi, misérable ! Tu ne parleras que lorsque je te l’autoriserai ! »

Cer’tor s’exécuta immédiatement… Il ne s’attendait pas du tout à ce genre de réaction… Son pressentiment était de toute évidence en deçà de la réalité. Taténen n’avait pas jugé bon de faire briller ses yeux… La portée de sa voix suffisait visiblement. Taténen s’adressa alors à nouveau à la foule.

« On me dit que cet homme est celui qui parle au nom de vous tous… Est-ce vrai ? »

Taténen n’attendait pas véritablement de réponse à cette question… Néanmoins, il désigna un homme au hasard et lui posa à nouveau la question. Prit de stupeur, l’homme répondit par oui. Feignant de ne pas réagir, Taténen fini par reprendre la parole.

« Tous, vous savez… qui je suis. Dois-je vous rappeler qu’en suivant cet homme, qui s’entête et s’obstine, vous peinez non seulement le cœur de votre seigneur et maître, mais encore plus, vous vous rendez coupable d’un pêché devant Râ, notre maître à tous.

C’est par sa volonté que je suis ici, c’est par sa bienveillance envers vous qu’il m’a confié la noble tâche de vous gouverner et de vous guider sur le chemin de l’évolution… C’est par un profond et sincère attachement à vous, mon peuple, que j’ai accepté de quitter ma position auprès de lui pour vous protéger des fléaux de cet univers…

Alors… lorsque je vois cette sublime cité, que j’ai élevée de la terre de ce monde pour notre profit à tous et pour la gloire de Râ. Lorsque je vois cette cité et ses avantages rejetés par certains de mes sujets… J’éprouve une profonde et sincère peine… »

Chaque mot de Taténen était pesé et réfléchi. Son ton n’avait rien de dur… il était ferme, mais en aucun cas vindicatif. Calme et posé, comme d’ordinaire, donnant ainsi encore plus d’impact à ses mots. Quittant la foule du regard, Taténen reporta son attention sur Cer’tor…

« Par deux fois, tu as pris sur toi de me défier… Entrainant avec toi tous ces gens dans ton tourment. Lèves-toi… et dis-moi pourquoi ? »

A cet instant, Cer’tor se leva mais ne savait pas comment réagir. Devait-il dire la vérité et révéler le fond de sa pensée… Comment Taténen allait-il réagir, s’il lui confiait la véritable nature de son refus ? Ne sachant toujours pas quoi faire, Cer’tor restait muet… C’est alors que Taténen fit un pas en sa direction et prit la parole, un ton en dessous de sorte à ce qu’il soit pratiquement le seul à pouvoir entendre.

« Tu crois vraiment honorer la mémoire de ton frère en agissant ainsi ?... »

« Oui…. »

C’est un peu hésitant que Cer’tor leva les yeux vers Taténen afin de le regarder pleinement, avec une certaine retenue néanmoins… Il se pétrifia intérieurement lorsque les yeux de Taténen s’illuminèrent. L’effet était si fort, qu’il finit par détourner ses yeux de lui… Taténen reprit ensuite la parole en direction de la foule.

« Par deux fois, vous vous êtes rendus coupable d’une attitude indigne et illicite en acceptant de suivre l’avis de cet homme plutôt que d’obéir à votre souverain… Mais ce n’est pas un esprit de réprimande qui m’amène devant vous…

Je suis disposé à pardonner les offenses qui m’ont été faites… Que ceux qui souhaitent rejoindre la cité et vivre à mes côtés, embarquent dans le vaisseau qui m’a conduit ici, maintenant. C’est un aller simple et le début d’une nouvelle vie qui vous attend… Tous ce dont vous aurez besoin vous seront fourni dès l’arrivée dans la cité. »

Le ton de Taténen était à la fois doux et percutant. Cette proposition, il ne la faisait qu’une seule et dernière fois. Cinq bonnes minutes s’écoulèrent alors… Taténen observait la foule avec attention. Il y avait peu de mouvement… donc peu de gens enclin à saisir cette ultime chance. Alors que Taténen commençait à fortement s’impatienter, son regard fut attiré sur sa gauche… Un homme et une femme venaient de sortir de la foule… Tous deux étaient visiblement jeunes et la femme enceinte. Taténen les observa attentivement et compris leur décision… Il fit signe à Alec’to de s’occuper d’eux alors qu’il s’approchait de plus en plus de lui. Cer’tor sentit son cœur se serrer d’un coup lorsqu’il reconnut son fils…

« Bro’ko ! »

Ce dernier tourna alors la tête vers son père, l’air triste mais résolu, tout en gardant la main de sa femme dans la sienne. Taténen ne montra aucune attention, mais avait bien perçu l’interpellation désespérée de Cer’tor. Au moment où il passa à côté de Taténen, Bro’ko se stoppa un instant et s’inclina rapidement.

« Merci, mon seigneur »

« Allez tous les deux en paix… »

Une autre famille se décida à rejoindre le vaisseau… Un couple avec deux enfants. Taténen attendit encore quelque instant de plus… Personne d’autre ne se manifesta. Il reprit la parole…

« Ainsi… Vous tous, vous avez décidés, vous aussi, de vous entêtez… Je suis profondément blessé. Mais d’une certaine manière, votre témérité a trouvé un certain écho dans mon cœur… Vous voulez restez vivre ici ?
……..
Soit ! »

Le regard de Taténen était cette fois ci plus dur, vraiment plus dur que d’ordinaire. Marchant quelques pas, le goa’uld se replaça au centre de la haie formée par ses gardes.

« A dater de ce jour, moi, Taténen, seigneur de Saqqarah et souverain d’Amun’t, je vous considère comme des proscrits. Aucun de vous ne sera autorisé à rejoindre ou à approcher de la cité, sous peine de mort. Vous vivrez et vous mourrez, ici !

Tous les produits de vos champs, de votre pèche et de votre chasse devrons être apportés par l’un d’entre vous, une fois chaque lune, à la cité en échange de nourriture et de vêtements.

Votre désobéissance et votre faute sont réelles… Mais elles vous appartiennent, à vous seul !

C’est pourquoi je décrète, qu’à partir de ce jour, tous les jeunes esprits qui sont nés et qui naîtrons dans ce camp devrons être conduit à la cité dès le sevrage, afin d’y être instruit et d’y vivre… sous peine de mort…

Des dispositions seront prises… Un vaisseau viendra chercher vous jeunes dans deux jours.

A l’annonce de ces mots, nombreuses furent les mères qui ne purent laisser échapper quelques émotions… Dans la foule devant Taténen, se trouvaient de nombreux enfants d’âges divers… Tous pratiquement étaient concernés par ce que Taténen venait de décréter.

Saneb et Marek étaient l’un en face de l’autre… Tous deux avaient parfaitement entendus la sentence de Taténen, mais Saneb n’éprouvait aucune forme d’émotion… Il trouvait même que Taténen faisait preuve d’une certaine indulgence… Marek lui était plus sensible. Saneb pouvait voir dans ses yeux qu’il n’était pas insensible, surtout lorsqu’il observait certains petits prendre un air terrorisés.

Toujours dans une posture imposante et noble, Taténen termina par ceci…

« Telle est ma loi… Qu’elle soit écrite… et s’accomplisse ! »

Taténen tourna alors les talons et reprit le chemin du cargo, qui était resté en vol stationnaire tout le long, depuis son arrivée. Les anneaux l’enveloppèrent et finirent par le faire disparaître… Toujours dans un mouvement et une coordination quasi mécanique, les taténos se regroupèrent sous le cargo, reformèrent le cercle autour de Na’Alep et tous furent pris par les anneaux et téléportés. Le cargo reprit alors le chemin des airs et fini par disparaitre…

A l’intérieur du cargo, Alec’to s’approcha de Taténen. Il lui demanda la permission de lui poser une question, ce que Taténen lui accorda.

« Mon seigneur, pourquoi ne pas avoir détruit ce camp, comme vous l’aviez décidé au départ ? »

« Pour l’exemple, Alec’to… Détruire ce camp et emporter de force ces gens dans la cité n’auraient servi à rien… Je ne suis pas un être cruel et insensible… je sais combien cela va leur couter de se séparer de leurs enfants… Mais ils doivent prendre conscience, que l’on ne peut braver l’autorité de leur roi et désobéir à leur dieu, sans que cela n’entraine de conséquences.

Il y a deux choses qui priment dans ce royaume… Râ… et mon droit. »

Profil