C’était un jeudi soir, elle était seule dans son studio et révisait pour des examens proches. Elle avait décliné l’invitation à boire un verre d’un jeune homme de sa promo. Il était pourtant séduisant et la jeune femme ne s’était pas accordé de pause depuis si longtemps. Mais elle pensait bien avoir le temps et surtout ça l’amusait un peu de le faire languir.
Le téléphone sonna :

- Sélène ?

C’était Rose. Un silence s’installa. Elles ne s’étaient pas adressé la parole depuis cette fameuse dispute. Mais le son de sa voix laissait présager de mauvaises nouvelles. Il lui semblait qu’elle avait pleuré. Mettant de côté sa rancune, elle prit la parole :

- Rose ? Où es-tu ?
- A San Francisco… A… A l’hôpital… C’est papa et maman…

La jeune femme raccrocha déstabilisée. Elle attrapa une veste et ses clés et sortit rapidement. Elle monta dans sa petite voiture et fonça vers l’aéroport. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que c’était ce qu’elle devait faire.
Le vol lui parut durer une éternité, le trajet en taxi jusqu’à l’hôpital également.

Arrivée au San Francisco General Hospital, on lui indiqua la salle d’attente où sa sœur se trouvait :

- Votre sœur est restée là toute la nuit, elle ne veut pas bouger. Sincères condoléances mademoiselle.

Et l’infirmière s’éloigna. Ce n’était pas possible, elle devait se tromper. Elle tenta de garder son sang-froid, et s’avança vers sa sœur. Celle-ci avait le regard vide et les yeux humides.

- Que se passe-t-il ?
- Ils disent qu’il a perdu le contrôle du véhicule… Ils ont percuté un arbre… Ils disent qu’il était déjà mort quand ils sont arrivés… Et maman… Ils m’ont dit qu’ils avaient tout tenté pour la sauver…

Rose se mit à sangloter dans ses bras et Sélène la berça.
Elle la ramena chez elle. Quelques jours plus tard, elles enterraient leurs parents.

Elle reposait inerte sur la table métallique. Un drap blanc recouvrait sa fine silhouette. Ses mèches blondes retombaient le long de son visage devenu pâle. Elle la trouvait toujours aussi belle, même dans son sommeil éternel.

Des larmes roulaient en silence sur les joues de la jeune étudiante, tandis qu’elle caressait doucement le visage de celle qui fut sa sœur.

Puis, elle essuya ses larmes. Un regard de haine sur le visage. Elle prendrait le temps qu’il faut, mais le responsable paierait le prix fort.

Accoudée au bar, elle l’observait en silence. Elle l’avait facilement retrouvé, le tout était de l’emmener à l’écart. Elle n’avait pas lésiné sur son apparence pour l’occasion. L’homme qui avait amené sa sœur à sa perte se tenait à quelques mètres d’elle. Elle décida de passer à l’action, lui commandant un verre. L’homme ne tarda pas à la rejoindre et à enchaîner les verres auprès d’elle la baratinant. Il finit par lui proposer de le rejoindre dans un endroit plus calme, elle accepta.

Il l’embrassa dans une ruelle, elle se laissa faire. Il l’emmena dans un appartement sommaire et lui servit du champagne. Elle fit mine de le boire, pendant qu’il enchaînait quelques coupes. Il lui ôta son haut et l’embrassa de nouveau. Elle bouillait intérieurement de rage. L’image de sa sœur passa devant ses yeux et lui donna le courage d’aller au bout de sa vengeance. Tandis qu’il tentait maladroitement de lui déboutonner son jean, elle se saisit de la bouteille de champagne et l’abattit de toutes ses forces sur sa tête. Elle se brisa sous la violence du choc. Il tituba, hébété, mais elle ne s’arrêta pas là et commença à faire pleuvoir les coups. La colère qui l’habitait alimentait sa force. Elle s’empara bientôt d’une lame pour porter un coup final au tableau.

C’est à ce moment que la porte s’ouvrit, un homme la désarma et elle fut projetée au sol. Sa tête heurta le parquet et elle perdit connaissance.

Elle se réveilla dans une cellule en compagnie d’une migraine. Elle se massa le crâne.

- Bien dormi Black Mamba ?

Elle tourna son regard vers la personne qui venait de prononcer ces mots. C’était un flic assez jeune, il buvait un café en la regardant.

- Que s’est-il passé ? demanda-t-elle
- Je t’ai empêchée de faire une connerie, bien qu’en soi ce que tu as fait est déjà une belle connerie…

Elle garda le silence. Alors elle avait échoué.

- Si ça peut te réconforter, tu l’as mis dans un sale état…

Elle haussa les épaules et s’appuya contre le mur.

- Tu as également gâché plusieurs mois de couverture…
- Je suis désolée, lâcha-t-elle.

Un ami de son père la défendit devant les tribunaux plaidant des circonstances atténuantes et un contexte psychologique fragile. Ayant également apporté son témoignage dans l’affaire du dealer, la sentence fut clémente. Elle gagnait un casier judiciaire mais évitait la prison.
L’officier qui l'avait arrêtée l’attendait à la sortie du tribunal.

- Je vous offre un verre ?

Sélène le dépassa sans lui répondre.

- Vous me devez bien au moins ça…

Elle s’arrêta et après une hésitation, céda :

- Un café alors…

Ils s’attablèrent au pub du quartier et entamèrent alors une discussion animée. Il la dérida et pour la première fois depuis plusieurs semaines, elle se sentit bien.
Il finit par l’inviter chez lui, elle accepta. Un peu plus tard, il lui demanda :

- Parlez-moi de vous…
- Vous êtes flic, qu’est-ce que vous ne savez pas déjà ?

Il grimaça. Effectivement, il s’était beaucoup renseigné sur elle. Il s’était demandé longtemps comment une jeune femme comme elle, s’était retrouvée dans cette situation.

- Alors quels sont vos projets ?
- Finir mes études, pour le reste je verrai, je n’ai plus de projets… Et vous ?

Il la fixa, puis se leva pour se rapprocher d’elle.

- Déjà, j’ai envie de faire ça…

Il frôla ses lèvres et elle répondit à son invitation, l’embrassant sans plus de retenue.

Elle se réveilla au petit matin, il dormait encore. Elle quitta le lit, s’habilla rapidement sans faire de bruit et s’éclipsa.
Elle reprit l’avion pour le Massachusetts le jour même.

- Miller ? Il faudrait que vous aidiez à traiter, analyser et stocker les données de ce labo.

Elle acquiesça sans lever la tête de son écran, continuant à tapoter sur le clavier.

- Et il y a deux hommes qui veulent vous voir, j’espère que vous n’avez rien fait de grave encore…

Elle releva la tête, le fusillant du regard. Puis elle quitta son poste de travail, se dirigeant vers l’accueil. Effectivement deux hommes en uniformes l’attendaient.

- Accepteriez-vous un petit voyage dans le Colorado, mademoiselle ?
- Pardon ?!
- Nous avons une offre à vous faire…

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait qu’elle devait y aller.

Plan personnel :

Pas d’évolution significative. Sélène ne s’attache toujours pas aux personnes qui ne restent pour elle que des collègues. On peut considérer qu’elle est cependant un peu plus proche de la jeune technicienne Lyla Warren (PNJ), mais Sélène reste distante et leurs discussions ne concernent que des banalités du quotidien.


Plan professionnel :

En premier lieu en tant qu’informaticienne, elle intervient régulièrement pour venir en aide à ses collègues. Elle aide à la sécurisation et l’amélioration du réseau informatique et à la création de programmes pour améliorer les technologies à leur disposition. Elle aide également aux analyses comme elle avait l’habitude de le faire sur terre.

Frustrée que la génothérapie ait été un échec pour elle, Sélène s’intéresse à la biologie moléculaire et cellulaire. Elle a déjà des connaissances dans le domaine grâce à de nombreux partenariats là où elle travaillait sur terre. Elle décide au milieu de l’année de reprendre les études en parallèle de son travail sur la cité et de rédiger une thèse. Six mois plus tard, elle se rend compte qu’elle a voulu aller trop vite et que les résultats de sa thèse sont mauvais. Elle décide de la laisser de côté et de renforcer ses connaissances théoriques avant de la reprendre.