Ker’hia était déjà éveillée depuis longtemps lorsque les cloches sonnèrent pour appeler les fidèles à célébrer les Divinités protectrices. Elle avait pour habitude de se lever lorsque Kohor, le premier des deux soleils de sa planète, étendait ses rayons au dessus du village et réchauffait les toits. Elle se rendait près de la petite forêt attenante, composée de feuillus et de résineux. Elle courait un moment, perdue dans ses pensées.
Depuis la disparition de sa mère, elle se trouvait prise entre deux feux. D’un côté, elle aimait son père infiniment et respectait les croyances ancestrales, mais de l’autre elle s’interrogeait sur l’intérêt réel que pouvaient avoir ses Divinités pour un peuple qu’elles laissaient ainsi mourir sous les attaques d’une race cruelle. Ce dilemme la rongeait, et elle ne pouvait s’en ouvrir à personne. Elle était la fille du Prêtre, personne n’aurait compris et elle aurait jeté l’opprobre sur son père.
Ce jour-là, après avoir couru 3 kms sans beaucoup d’entrain, elle rentra sans bruit. Puis, une fois lavée, elle prépara son petit-déjeuner. Elle avait la chance d’avoir un père autonome, qui n’avait jamais été de ce genre d’hommes qui laissent aux femmes le soin des tâches domestiques. Encore plus depuis le départ de sa mère, elle voyait qu’il désirait se gérer seul. Sans doute ne voulait-il pas que Ker’hia puisse refuser un prétendant pour ce motif. Il savait trop bien que sa fille ne désirait pas le mariage.
Elle se rendit dans sa petite chambre, et s’habilla d’une robe rouge pourpre, dont les broderies fines sur la poitrine avaient été réalisées par sa tante. Elle lui tombait aux chevilles, et la forme classique drapait ses formes avec simplicité. Elle soupira, et sortit pour se rendre dans la Chapelle.