Marie avait remercié d'un signe de tête entendu son supérieur lorsqu'elle avait récupéré la tasse de café qu'elle lui tendait histoire de ne pas interrompre leur discussion. Le cerveau de l'enquêtrice tournait à plein pour organiser la suite de son emploi du temps à court terme.

Elle nota bien sûr le fait qu'elle ne le dérangeait pas de lui accorder un peu de temps, mais surtout qu'il ne semblait guère apprécier le côté trop scientifique du projet. Vrai que ça ne devait pas être triste tous les jours, et c'était assez logique que ça ne devait pas être la tasse de thé d'un militaire comme lui.

Comme elle l'imaginait personne ne centralisait la sécurité en particulier. Ce n'était pas plus mal, parce que si justement ça avait été la taupe qu'il recherchait ou un de ses complices, il aurait pu fausser le jeu dès le départ.
Marie ne put empêcher un haussement de sourcils amusé à son évocation de l'excès de zèle de certains. Oh, ça oui, depuis le temps qu'elle fréquentait l'armée, elle connaissait.

Visiblement disposé à ce qu'elle poursuive, elle enchaina donc, après avoir vu une gorgée de son café.
- Eh, bien... Elle s’interrompît un instant. Hésitant quand même à poser la question qui allait suivre. C'était délicat, même pour elle. J'ai quelques dispositions en informatique, et si vous l'autorisez, je pourrais faire quelques programmes très utiles pour détecter des échanges "sensibles" dans l'Intranet de la base...

Face au militaire, un rien basique - sans offense-, qu'il semblait être. Elle préféra préciser de suite.
- Cela pourrait être très efficace pour débusquer quelques suspects. Mais... ce n'est pas tout à fait légal. Finissant sa phrase avec une petite moue mi-gênée, mais le regard qu'elle lui lança ensuite était plutôt défiant.

Bien que la raison d'état puisse justifier beaucoup de chose. Le 4ème amendement en prenait un coup, là...

Marie l'écouta parler, d'autant que le général semblait bien lancé. Curieux d'ailleurs, elle l'aurait pensé moins loquace. Plus homme de terrain que ça en somme, mais finalement il avait du s'adapter à son nouveau poste.
Elle le laissa sur sa lancé, savourant son café au passage. Il eut quand même droit à une petite moue contrariée quand il lui annonça qu'il n'était pas chaud pour suivre son idée. Sur ce principe, le programme Echelon avait pourtant donné d'excellents résultats.
- Je comprends vos réticences, Monsieur. Mais il n'est nullement question d’intercepter tous les messages. En ne choisissant que certains mots-clés, bien ciblés, les résultats seraient au rendez-vous à coup sûr.

Et là elle ne s'avançait pas trop. Ca pouvait même prendre un peu de temps si les mots étaient bien choisis. Si tant est que, par contre, les traites utilisent ce type de communications.

Elle était têtue, mais elle se doutait que l'homme en face d'elle l'était sans doute tout autant. Elle ne put toutefois s'empêcher d'étouffer un léger rire nerveux en l'entendant parler de méthode à l'ancienne.
Après un léger soupir presque imperceptible, elle capitula -pour l'instant-.
- Comme vous voudrez, Monsieur. Mais je ne suis pas certaine qu'on se livre spontanément à moi si on me voit fourrer "physiquement" mon nez dans tous les services.

Parce qu'effectivement, même si le complexe avaient des contrôles techniques réguliers, fouiller partout allait vite mettre les gens sur la défensive, surtout sur une base aussi confinée et effectivement d'autant plus qu'elle tombait de nul part.

Elle enchaîna presque aussitôt.
- Ne pensez vous pas que me présenter sous un autre titre, ne serait pas plus productif?

Restait à savoir lequel. Elle y avait déjà penser un peu dans l'avion, ceci étant.

Marie se demanda une demi seconde si elle devait insister ou pas. A aucun moment pour elle, il n'était question de lire tout. Le programme lui aurait donné que ce qui lui serait utile. Elle n'était pas du genre à perdre son temps avec des futilités. La "petite" vie des gens ne l'intéressait absolument pas.
Mais il lui sembla bien que le général avait un problème pour comprendre ça. Ou alors...
- Auriez-vous quelque chose à cacher, Général O'Neill? Commença-t-elle le plus sérieusement du monde, avant qu'un sourire amusé ne vienne éclairer son visage, ne laissant plus trop de doute sur le fait qu'elle plaisantait.

Enfin, elle prenait note quand même. Son côté professionnel ne pouvait omettre ce détail.

Elle sourit plus franchement à son évocation du Shérif. Combien de fois on lui avait servi celle là. Et de fait, c'est un peu ce qu'elle était au sein de l'Air Force. Les gradés avaient parfois l'impression d'avoir tous les droits, et son rôle était aussi de les remettre à leur place.
Enfin pour l'instant, rien à voir avec cette situation.
- Ne vous en faîtes pas. Je sais m'adapter à pas mal de situations.

C'est vrai qu'après tout, pour l'heure, son supérieur ne savait sans doute rien de ses états de service. Même s'il devait se douter que si Hammond l'avaient envoyée là, ce n'était pas sans raison.

Elle le regarda s'installer confortablement dans son siège. Non, décidément, il lui était difficile de penser que cet homme avait quoique ce soit -d'important- à se reprocher.

A la question qui suivit, elle se passa une main sur le visage, comme si cela lui permettait de choisir son meilleur personnage.
- Et bien le plus logique, à mon sens, serait de me faire passer pour une envoyée du congrès, en charge d'un audit pour le prochain budget du SGC. Si je viens voir chacun en leur demandant ce dont ils ont besoin, je suis presque certaine d'avoir un bon accueil. C'était plus qu'une évidence en fait.

Elle avait d'autres rôles en réserve, mais c'est celui-ci qui lui avait paru d'emblée le plus simple. Le fait de poser des questions n'éveillerait pas plus que ça l'attention. Après à elle de le faire assez habillement pour que les protagonistes en disent un peu plus.

Alors que son supérieur lui indiquait qu'on allait lui trouver un bureau, le regard de Marie se porta en direction de la salle de briefing. Ca lui aurait bien suffit en fait. Elle allait objecté, mais le général avait déjà attrapé le téléphone.

Elle laissa faire au final. Ca permettrait de voir ce que Walter lui avait déniché et ça faisait une raison de plus de traîner dans les couloirs aussi. Bref.

Le général sonna l'heure de son départ. Marie se leva sans plus de cérémonial.
- Merci, mon Général.

Elle ramassa sa tasse pour la déposer du côté de la cafetière en sortant. A sa manière, O'Neill ponctua leur entretien d'une dernière note humoristique. Elle ne manqua pas de lui retourner la pareil bien sûr, avec un tonitruant.
- Je ferai de mon mieux, monsieur.

Jouant sur l’ambiguïté de cette réponse, avec un sourire contente d'elle, Marie prit la direction de la sortie. Elle aussi pouvait jouer les comiques!

From Première exploration des couloirs de SGC