Mettant la touche finale au rapport sur lequel il était depuis déjà un certain temps, Sheppard entreprit de s'allonger sur son lit, les mains derrières la tête. A vrai dire i était lui même étonné d'avoir terminé son rapport à temps. Quand on savait que la mission ne datait que de ce matin il y avait de quoi être surpris. Les fois où il avait déjà réussi cet exploit depuis qu'il était en poste sur Atlantis pouvaient se compter sur les doigts d'une main, et il n’exagérait que légèrement. Il devait bien avouer qu'il n'était pas peu fière de lui, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres en imaginant l'expression de la dirigeante de la cité qui recevrait ce fameux rapport le lendemain. Rare avaient été les fois où elle n'avait pas du le harceler pour qu'il lui remette ses rapports, mais bon il avait du mal à faire autrement. C'était John quoi.

Parcourant alors ses quartiers des yeux, le Lieutenant-Colonel laissa échapper un profond soupire. La nuit était déjà bien avancée, pourtant il n'avait pas vraiment sommeil. Il commença alors à se remémorer la mission qu'il venait de réaliser. Lui et son équipe était partit secourir une équipe d'exploration en difficulté face à un groupe de geniis. L'un des hommes avait malheureusement été tué dans l'affrontement, et malgré tout les efforts des renforts fraichement arrivés sur place ils dénombraient également deux blessés, dont l'un était revenu dans un état inquiétant. Heureusement qu'ils avaient préférés partir là bas aux commandes d'un jumper sans quoi ils ne seraient sans doute pas revenu du tout. Mort ou capturé et enfermer dans une cellule sombre de l'une de leur base souterraine, c'était au choix. A titre personnel le militaire ne trouvait pas cela extrêmement sain pour son bien être, mais les goûts et les couleurs... le plus étrange restait la présence des geniis. Ils étaient venus en force pour l'occasion, mais aucun Atlante n'avait eut l'occasion d'en interroger un. Il faut dire que lorsqu'une trentaine d'aliens se ru sur vous l'arme au poing vous avez en général d'autres priorités que de satisfaire votre curiosité ! Enfin bon, un débriefing était prévu pour le lendemain... ils auraient tout le temps d'en disserter.

C'est à ce moment là que le militaire prit la décision de se lever pour aller se dégourdir un peu les jambes. Après tout il n'allait pas rester ici à rêvasser pendant des heures ! Sans compter qu'il était sûr de ne pas s'endormir avant un bout de temps, il n'était vraiment pas fatigué. Ouvrant la porte de ses quartiers, Sheppard s'engagea ainsi dans le couloir, ne sachant pas vraiment où aller. Son périple dura ainsi plusieurs minutes, minutes durant lesquelles il salua quelques militaires qui assuraient la garde de nuit. Après avoir emprunté un téléporteur, John tourna à l'angle d'un couloir et pensa soudain à ce cher Rodney qu'il avait croisé quelques heures plus tôt, toujours accompagné de son éternelle tablette. Il devait sûrement être encore dans son laboratoire, à maugréer à propos de ses assistants qui ne savaient d'après lui pas faire leur travail. Un sourire amusé apparut alors sur son visage lorsqu'il réalisa que le scientifique allait de manière certaine s'endormir une nouvelle fois sur son travail et se réveiller le lendemain d'une humeur massacrante. Scénario très original, il pouvait le certifier. D'ailleurs il lui devait une course de voiture téléguidé ! Cette fameuse mission de secours l'avait privé de l'occasion de prendre sa revanche sur le canadien. Il espérait bien que quelque chose de semblable ne se répèterait pas la prochaine fois.

Prenant soudainement conscience de l'endroit où il était, Sheppard décida d'aller prendre l'air sur un balcon qui était tout proche. Il ne savait pas vraiment quoi faire et au moins il pourrait admirer le panorama magnifique que lui offrait la cité des anciens. Il était vrai qu'Atlantis était truffé de balcons, et il y en avait justement un situé au à l'angle du prochain couloir. Les mains dans les poches, John traversa la distance qui le séparait de sa destination en quelques secondes, jusqu'à tourner à un nouvel angle du couloir, après lequel se trouvait le fameux balcon.

Et voilà qu'il passait à deux doigts de heurter quelqu'un qui arrivait de la direction opposé. Sursautant légèrement tout en s'écartant un peu pour éviter la collision, John concentra son attention sur la personne qui avait presque réussit à lui rentrer dedans, se demandant qui pouvait bien avoir eu l'idée - excepté lui bien entendu - d'aller se promener au sein de la cité à une heure pareille. Il fut ainsi assez surpris de reconnaitre sa supérieure qui était revenue de sa petite réunion avec la Commission Internationale de Surveillance il y a de cela plusieurs heures.

- Elizabeth ? Qu'est ce que vous faites ici ? Demanda-t-il en se caressant machinalement du bout des doigts la blessure qu'il avait reçu le matin même à l'arcade sourcilière.

L’œuvre de Ronon, qui avait encore une fois eut la bonne idée de lui faire mordre la poussière à un entrainement auquel John avait participé, ce qui lui avait valu un petit tour à l'infirmerie. Et bien qu'on l'ai recousu, cette foutue plaie commençait furieusement à le gratter. Enfin bon, ce n'était qu'un détail. Pour être franc, c'est ce qu'elle transportait avec elle qui attira le plus son attention. Bon sang, après plusieurs jours passer en compagnie de ces bureaucrates de la CIS elle trouvait encore le courage de travailler ! Sans compter qu'il était relativement tard... L'épais dossier qu'elle tenait dans les mains ne laissait en effet planer aucun doutes. D'un autre côté c'était aussi quelque chose qu'il admirait chez Elizabeth. Le travail ne lui faisait pas peur, mettre le nez dans la paperasse non plus d'ailleurs, et c'était quelque chose dont lui même aurait été incapable de faire. Il avait déjà du mal avec l'évaluation du personnel et ses propres rapports ! Cependant, il trouvait que cela devenait parfois un poil excessif, et il s'était souvent demandé comment elle pouvait bien éviter le surmenage.

- Je vous ai déjà dis que vous travailliez trop ? Lui lança-t-il, le ton à mis chemin entre l'amusement et le reproche. Vous allez finir par ressembler à Rodney, et vous savez tout aussi bien que moi qu'un seul suffit amplement. Termina-t-il, taquin, mais conservant un air à peu près sérieux.

Il finit néanmoins par lui sourire. Après tout il était content de la voir, et la voir bosser à une heure pareille ne l'étonnait pas d'elle. Il aurait beau dire tout ce qu'il voudrait cela ne servirait pas à grand chose. Il la connaissait assez bien pour ne pas se faire trop d'illusions à ce sujet.

Cela faisait à présent plusieurs heures que la dirigeante de la cité avait traversé la porte des étoiles pour revenir sur la cité lantienne. Son voyage en soit c’était bien passé, bien qu’il était toujours un peu mouvementé de changer de galaxie. Son séjour sur terre avait été des plus éprouvants… Elle avait du passer devant une énième commission… Répondre à des questions de personnes qui n’attendait qu’un mot de travers pour la virer de son poste de dirigeante… Bref elle était fatiguée. Biensure elle avait eut le temps de voir sa famille, enfin sa mère… Cela lui avait fait plaisir, mais aussi rendu compte que les choses changeaient pendant qu’elle était en train de diriger une cité extraterrestre… C’était assez perturbant… Comme quoi la vie d’un homme était un facteur tout à fait négligeable pour la terre… Elle se demandait alors si cela serait la même chose lorsqu’elle disparaîtrait… Surement…

Lorsqu’elle passa la porte, l’on vient tout de suite à sa rencontre, tout d’abord pour lui dire qu’on était content qu’elle soit de retour, mais aussi pour lui rappeler la pile de dossier qui s’était entassée sur son bureau… Génial, à peine avait –elle le temps de reprendre ses esprits qu’il fallait qu’elle remette son masque de leader et de bourreau du travail… Elle se contenta de sourire, de saisir les notes que lui tendait le jeune lieutenant. Elle ouvrit alors le dossier tout en écoutant les propos du jeune homme qui lui relatait les dernières aventures en date. Une fois qu’il eut terminé ils se saluèrent et Elizabeth monta lentement vers son bureau de verre, tout en lisant le rapport rapide de la situation actuelle.

Elle arriva enfin dans son bureau et s’installa directement à sa table de travail. Elle se laissa tomber dans le siège et soupira devant la tonne de travail qui l’attendait… Elle n’était pas sortie de l’auberge. Elle inspira un bon coup et se redressa. Il était temps de rattraper le temps qu’elle avait perdu en écoutant et argumentant contre ses vieux croutons de la Commission Internationale de Surveillance. Elle se plongea donc à cœur perdu dans la lecture de ces rapports qui s’entassait sur son magnifique bureau. Etrangement ce n’était pas ce travail qui lui avait manqué. Deux petits heures plus tard, le Lieutenant revient à la charge, non pas pour lui remettre un nouveau dossier, mais pour lui offrir un café bien mériter. Elle le remercia, ce délicieux nectar allait lui faire le plus grand bien elle en était persuadée. Une petite pause était donc nécessaire. Elle se leva et observa a travers la baie vitrée ce grand cercle qu’était la porte, s’imaginant ce qu’aurait pu être sa vie si il n’avait jamais fait cette découverte… Bien que sur le plan personnel, sa vie aurait surement était plus stable et épanouie, elle ne regrettait pas ses choix, c’était une occasion inespéré de vivre des choses extraordinaires et elle l’avait saisi. Ce fut sur cette pensée qu’elle se remit au travail.


Elle reporta son regard sur les dossiers qui s’empilait devant elle… Elle en avait lu plus d’une dizaine et elle avait l’impression que le plus gros du travail était encore là… Elle regarda l’heure et remarqua qu’il commençait à se faire tard et qu’elle n’avait toujours pas mangé quelque chose depuis qu’elle était rentrée. Pour une fois la dirigeante décida d’écouter son corps et se leva en direction du messe. Elle prit cependant au passage l’un des dossiers qui trainait sur la table… Après tout elle pouvait lire en mangeant ? Sauf qu’au chemin, son esprit vagabonda et elle se dirigea finalement vers l’un des balcons de la cité. Elle avait besoin d’air avant de nourriture elle en était certaine… Elle actionna le mécanisme et la porte s’ouvrit dans un petit bruit discret. Le vent souffla tout de suite sur les cheveux bruns de la dirigeante. Elle s’avança, inspirant à grand bouffée l’air frais.

Elle se pencha sur la rambarde et observa les alentours le sourire aux lèvres. Elle était de retour chez elle, car Atlantis était devenue sa nouvelle demeure… Elle ne se sentait pas d’être ailleurs… Toute sa vie, ou presque, était à présent ici… La vieille cité des anciens lui avait manqué plus qu’elle ne l’aurait cru… Alors qu’elle observait les jolies reflets sur l’océan miroitant, elle entendit un bruit sourd… son ventre se rappelait à elle. Jetant un dernier regard au spectacle que lui offrait la cité elle entra dans la bâtisse, cette fois bien décidée à aller manger quelque chose pour ensuite reprendre le travail. Mais le sort s’acharna sur la jeune femme.

Alors qu’elle se dirigeait d’un pas décidé vers le messe, elle faillit entrer en collision directe avec son second –en –chef. Comme si ils n’avaient pas assez de conflits comme cela pensa-t-elle amusée. Elle remarque tout de suite colonel avait une arcade sourcilière en mauvais état… Elle se demanda d’ailleurs à quoi cela était dû et connaissance le gaillard ça devait être intéressant à entendre.

« Ce que je fais là ? » répéta-t-elle surprise et écarquillant les yeux. Depuis quand devait-elle avoir une justification de sa présence à un endroit ? Elle fronça alors les sourcils essayant de trouver une réponse à sa question étrange… ET puis dans un sens elle pouvait très bien lui retourner la question !

Elle ensuite le regard de son second se dirigeait vers le dossier qu’elle avait dans ses mains… Prise sur le fait pensa-t-elle alors. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Elizabeth lorsqu’il lui dit qu’elle travaillait trop.

« Ne vous inquiétez pas John, je n’ai pas l’intention de ressembler à Rodney. Et puis j’ai eu quelques jours sur terre alors il faut bien que je rattrape le temps perdu avec le CIS » dit-elle avec un petit sourire en haussant les épaules.

« Et pour répondre à votre question j’allais manger quelque chose au messe. Je dois avouer que la fine cuisine m’avait manqué » ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie. « Et vous que faites-vous ici Colonel ? D’ailleurs vous n’avez pas eu trop de soucis pendant mon absence ? J'ai cru comprendre que vous ne vous étiez pas ennuyé? »

En effet la dirigeante n’avait encore eu l’occasion de s’entretenir avec John concernant les évènements pendant sa courte absente… Elle n’était partie que 3 jours et pourtant cela semblait une éternité.

Malgré le calme apparent de la cité force était de constater que l'on pouvait faire des rencontres intéressantes une fois la nuit tombée. La nuit et ses folies comme on disait... non pas qu'il songeait à quelque folie que ce soit avec Elizabeth bien sûr ! Enfin c'était presque vrai... bref dans tout les cas il ne se permettrait jamais de déraper de la sorte. Pas volontairement en tout cas. Sa réputation de don Juan invétéré avait beau être parfois partiellement justifiée, - Bien que la plupart du temps cela se limite à de simples flirts et rien d'autre – elle avait quelque chose de différent. De là à savoir ce que c'était il y avait un gouffre, mais les faits étaient là. Ce n'était pas simplement leur poste respectif qui rendait la chose extrêmement difficile, c'était... et bien c'était autre chose. De toute façon John préférait en général ne pas songer trop longtemps à ce genre de chose.

En tout cas c'est bien cette fameuse personne qui se tenait maintenant devant lui qu'il avait faillit envoyer face contre terre il y a à peine quelques instants de cela. Certes il pouvait en dire autant à son propos vis à vis de lui bien sûr mais bon. Chacun avait semblé trop perdu dans ses pensées pour faire attention vers quoi il se dirigeait. Et bien évidemment le hasard avait voulu qu'ils arrivent à cette intersection exactement au même moment. Il n'y avait qu'avec elle que quelque chose comme ça pouvait arriver.

Un sourire se dessinant sur ses lèvres, Sheppard hocha la tête à la première réplique de son interlocutrice et devant son air surpris. Pour être honnête il l'aurait cru trop fatiguer par la CIS pour rester veiller aussi tard, mais c'était sans compter son grand amour pour la paperasse.

- A vrai dire je pensais être le seul encore debout pour me promener dans la cité.

En effet à part les gardes et peut être Rodney si jamais il avait décidé d'aller jouer avec ses nerfs il ne s'attendait pas à croiser grand monde. Ces moments de calmes étaient d'ailleurs aussi agréables qu'ils étaient rares dans la vie du militaire, et il les appréciait d'autant plus. Ce n'était certainement pas la vision de lui que l'on pouvait avoir au premier abord mais c'était un fait. Et puis il n'y avait rien de mieux qu'admirer les étoiles lorsque Morphée vous faisait la tête.

Il hocha doucement à la suite de ses paroles, l'air de plus en plus amusé. A tout heure du jour ou de la nuit le sérieux n'était pas son fort, excepté dans les situations où il fallait rester un minimum professionnel bien évidemment. Aussi étrange que cela puisse paraitre il ne considérait pas les briefings ou autres évaluations du personnel comme telle.

- C'est bon à savoir. J'étais déjà en train de chercher une alternative aux citrons vous savez. Répondit-il, taquin. Elizabeth, si je puis me permettre vous travaillez tellement qu'en suivant votre raisonnement je dirais que vous avez toujours du temps à rattraper. Avant d'ajouter en haussant les épaules, conservant son sourire. D'un autre côté si je pouvais faire pareille peut être que je m'en sortirais mieux avec ma propre paperasse. Si vous saviez comme c'est barbant... Acheva le militaire tout en lui lançant un regard espiègle qui voulait tout simplement dire "Mais vous le savez parfaitement". En même temps il aurait été bien mal pensé de laisser sous entendre qu'il était submergé par toute cette bureaucratie car ce n'était pas le cas. Il était juste un peu feignant dès qu'il en était question. Elizabeth par contre... et bien disons qu'elle semblait avoir de quoi s'occuper.

- Je vous comprend. Moi même j'ai de plus en plus de mal à m'en passer. Répondit-il d'un air faussement sérieux avant d'ajouter plus sombrement en jetant un coup d'oeil du côté du balcon. Oh et bien j'allais prendre l'air... quant à votre absence ça a été mouvementé. Je viens juste de terminer mon rapport justement.

Le ton avait brusquement changé, ce qui était d'autant plus inquiétant qu'il s'agissait de John. C'était pas vraiment le genre de type à afficher une mine si grave, à part dans des cas vraiment spéciaux. Et c'est justement ce dont il s'agissait aujourd'hui, un cas spécial. Ces geniis étaient sorti de nul part... Sheppard et son équipe étaient parti pour affronter quelques uns de leurs soldats tout au plus, et non toute une horde. En tout cas l'équipe sur place ne leur avait pas signalé un si gros contingent, bien qu'ils aient rapidement compris qu'ils étaient cernés. Ça c'était d'ailleurs très mal fini, autant pour leur équipe que pour les renforts.

- Adams est mort. Reprit le Lieutenant-Colonel après un court silence, reposant les yeux sur Elizabeth. Touché à la tête, on a rien pu faire. Quant à Avery il est dans un sale état. Baissant momentanément les yeux, un petit sourire - Bien que crispé - apparu sur son visage lorsqu'il comprit qu'elle ne savait toujours pas ce qui avait bien pu se passer pour qu'ils en arrivent à un tel résultat. Toujours commencer par l'essentiel John... SGA-5 a été attaqué ce matin. Une embuscade des geniis... j'ai rassemblé une équipe pour les évacuer mais... enfin disons que tout ne s'est pas passé comme prévu.

C'était un euphémisme oui ! Le soldat Adams était sous son commandement ce qui rendait les choses d'autant plus compliquées. Voir mourir quelqu'un sous ses ordres n'était jamais facile de toute façon... John espérait d'ailleurs ne plus avoir à enterrer ses hommes. Un espoir bien vain malheureusement. Les dangers que recélait cette galaxie étaient loin d'être éradiqués ! Et le sergent Avery... il espérait sincèrement qu'il serait tiré d'affaire. Cela faisait plus d'un an qu'il travaillait avec lui et il commençait vraiment à l'apprécier. Comment faire autrement en même temps quand on savait que c'était lui aussi un joueur de golf !

Profiter un peu du calme, du vent qui vient lui caresser les cheveux… Tout cela l’apaisait et elle en avait clairement besoin. Les responsabilités s’accumulaient et la pression qui était sur elle était de plus en plus importante. Son esprit était tellement occupée par ce qu’elle devait faire qu’elle n’avait même pas entendu son second et avait failli lui rentrer dedans… Il fallait croire que Sheppard avait le chic pour tomber dans des situations bancales. Quoiqu’il en soit ils s’étaient évités de justesse et se trouvaient à présent face à face. Il avait engagé la conversation, peut-être avait-il besoin de discuter un peu ? Elle ne le savait pas si fêtard, enfin tout du moins pas dans les couloirs. Peut-être avait-il des soucis en tête qui l’empêchait d’aller se coucher ? Elle lui adressa un petit sourire qui se voulait rassurant.

« Et bien pour tout vous dire, je pensais également être la seule encore debout à cette heure-ci »

Elle avait toujours aimé faire partie des couche-tard, au moins personne ne déboulait dans son bureau pour lui parler de tel ou tel souci sans réel importance, elle pouvait ainsi se consacrer pleinement à sa paperasse ou autres joyeusetés. Elle s’écarta sur la côté, apparemment il avait voulu accéder aux balcons… Elle hésitait à rester pour lui tenir compagnie où alors retourner à ses obligations… Elle pouvait tout de même prendre une petite pause et discuter avec son ami ? Surtout que depuis l’attaque des wraiths ils n’avaient pas vraiment eu le temps de se reparler, enfin si dans le Dédale, mais ils n’étaient pas encore rentrés chez eux à ce moment là. Bref. Il la taquina comme il savait si bien le faire avec tout le monde. Ressembler à Mckay n’était pas dans les priorités de la jeune étrangement et puis elle ne voulait pas avoir aussi mauvais caractère que leur géni.  Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, une alternative au citron ?

« Je vous rassure vous n’en n’aurez pas besoin » ajouta-t-elle en inclinant légèrement la tête. Mais il n’en avait apparemment pas fini avec elle, il semblait presque inquiet pour son état de santé ? C’était charmant venant de sa part, mais Elizabeth n’était pas du genre à se laisser faire. Elle travaillait beaucoup certes, mais de grands projets comme celui d’atlantis nécessité beaucoup d’énergie, beaucoup de sacrifices, mais pour rien au monde elle ne laisserait sa place. Elle l’avait déjà prouvé en partant sans son fiancé… Chose qui lui était revenu en pleine figure au retour sur terre. Elle se demandait souvent d’ailleurs comment les choses auraient été si elle n’était pas partie…Mais c’était la vie et la diplomate savait voir les choses avec optimisme.  De plus elle avait ici trouver un nouveau chez soi, un endroit où elle se sentait à sa place, chez elle et entourée de personnes qui formaient à présent une petite famille. Heureusement John n’en resta pas sur sa note sérieuse et préféra plaisanter sur ses rapports.

Ils échangèrent en regard plein de sous-entendu. Chacun savait ce que pensait l’autre à cet instant. Si elle savait ? Bien sure qu’elle savait, tout comme elle connaissait l’amour du militaire pour ses rapports. Elle lui avoua enfin le pourquoi de sa venue ici, ou plutôt ce qu’elle était partie faire à la base. Il ne devait avoir en théorie pas de cas balcon, mais que voulez-vous on ne se refait pas si facilement ?

Elle fronça la tête. Absence mouvementé ? Cela n’annonçait en général rien de bon. Elle l’observa quelques instants et finit par faire demi-tour pour se diriger vers le balcon. Autant qu’ils soient dehors à observer le ciel plutôt que d’être entre deux portes.  Elle alla donc s’accouder au balcon, invitant son second à la suivre pour qu’il lui raconte sa journée difficile. Une fois accouder elle l’observa de son regard bleu-vert, pour ensuite poser son regard sur le ciel étoilé qui s’offrait à eux. Son ton avait changé, elle le sentait il était plus froid. Il n’avait plus rien à voir avec le petit rigolo de service, c’était l’homme blessé qui parlait. Le cœur de la dirigeante se serra en entendant les nouvelles. Elle baissa la tête et soupira. Des morts, encore de morts, quand cela cessera-t-il ?

«  Avery va s’en sortir ? Que s’était-il passé ? » demanda-t-elle d’une voix douce, entourant de ses deux mains la rambarde.  Elle observait  au loin, tentant de prendre un peu de distance à ce qui venait de se passer. Elle n’aimait pas ce genre de situation et elle devait alors se former à s’éloigner de ses sentiments humains pour s’empêcher de craquer… Elle écouta donc son second avec patience et lui jeta un petit coup d’œil, pour voir son état. Elle voyait bien que cette histoire le touchait… Peut-être même qu’il s’en voulait… Tout comme avec Ford.

«  Vous avez fait ce qu’il fallait faire John… Ce n’est pas votre faute, vous ne pouviez pas deviner que les choses tourneraient ainsi. J’aurais fait exactement pareille. » dit-elle d’une voix rassurante, posant un regard protecteur sur le jeune homme. Elle ne savait pas si elle disait les mots qu’il fallait, mais elle essayait, c’était son devoir en tant que dirigeante, mais également en tant qu’ami… Elle tenait beaucoup au militaire et le savoir en proie avec ses propres démons était douloureux.

Elle le voyait déjà se répéter le film de cette mission toute la nuit, se demandant si il aurait pu changer quelque chose, si il aurait pu sauver Adams. Mais il était trop tard… A présent Adams n’était plus des leurs et il fallait penser à ceux qui rester et ne pas baisser les bras. Elle leva la tête et se perdit dans le ciel étoilé. Combien d’hommes devront-ils perdre pour gagner cette guerre….

La seule debout à cette heure-ci... habituellement il est vrai qu'il y avait peu de chance que ce ne soit pas le cas oui. D'ailleurs Sheppard pouvait en témoigner, il n'avait pas croisé grand monde si on exceptait deux ou trois militaires montant la garde pour le reste de la nuit. Ah ! Et McKay. Il allait presque l'oublier celui là. Après tout le connaissant comme il le connaissait il devait encore être fourré dans son laboratoire avec son thermos de café à portée de main tout en s'acharnant sur son ordinateur - Ou n'importe quoi d'autre qui pouvait bien l'intéresser d'ailleurs – avec les yeux rougis par la fatigue. Enfin, tout cela à condition que cette même fatigue ne l'ai pas poussé à s'endormir purement et simplement sur sont travail. Tiens, voilà ce qu'il aurait pu faire ce soir ! Passer rendre une petite visite à son ami le râleur de service. Après tout le faire sursauter au moment même où il en était à baver sur son bureau en rêvant sans nul doute du Colonel Carter pouvait avoir un côté comique. En tout cas il y en avait un pour Sheppard ! Pour ce qui était du scientifique c'était peut être à nuancer. D'un autre côté cela lui aurait ôté l'occasion de tomber sur sa supérieure, ce qui aurait quand même été dommage. Ils n'avaient que trop rarement l'occasion de se retrouver seul tous les deux, et c'était rafraîchissant de pouvoir lui parler avec davantage de liberté qu'habituellement.

Tiens en parlant du loup. Elizabeth le rassura bien vite quant au risque qu'elle courait à devenir un bourreau du travail, et John eut le plaisir de la voir sourire. Légèrement certes, mais cela restait un sourire quand même, auquel il répondit de la même façon pour parachever cette fabuleuse idée qui lui était venu à l'esprit de faire le rapprochement avec le canadien.

- Très bien, je pourrais réserver celui que j'ai dans la poche à qui vous savez. Lui lança-t-il avec un certain amusement.

Ce n'était qu'en partie une plaisanterie d'ailleurs, car il était vrai qu'il avait prit l'habitude de se promener parfois avec ce fruit sur lui lorsqu'il était sur Atlantis. Bon pas systématiquement bien sûr, mais c'était une technique qui avait déjà fait ses preuves en temps de crise. Par exemple lorsque son collègue devenait trop insupportable. Ce merveilleux agrume avait la propriété incroyable d'adoucir ce dernier de façon assez radicale ! Peut être qu'il devrait penser à en emporter un en mission avec lui d'ailleurs. Entre ça et les menaces de mort il pouvait peut être espérer une augmentation de l'efficacité du scientifique d'un bon cinquante pour cent ! Après tout l'association des deux ne pouvait qu'être bénéfique à l'équipe.

Mais bien vite on en arriva aux sujets un peu moins plaisant, et une fois n'est pas coutume Sheppard en était même venu à reprendre son sérieux pour l'occasion. Il se repassait cette mission en boucle depuis ce matin, cherchant à comprendre comment ils avaient pu en arriver là sans même se rendre compte que les geniis les avaient prit en tenaille. Il répondit donc à son invitation silencieuse et lui emboîta le pas jusqu'au balcon, s'accoudant à la rambarde juste à côté d'elle. Au moins il pouvait profiter d'une légère brise nocturne tout en parlant, même si cela ne suffisait pas à rendre ce souvenir plus doux. Après un petit instant de silence, il reporta bien vite son attention sur son amie qu'il sentait plutôt atterré par la nouvelle. Il faut dire qu'il n'y avait pas vraiment de quoi se réjouir.

- C'est la question que je pose à Beckett depuis qu'on est rentré. Il est incapable de me le dire... je ne sais pas. Lui répondit-il doucement en soupirant avec une certaine lassitude. Il faisait partie de l'équipe de renfort. On a bien trouvé nos hommes en difficultés mais les geniis étaient plus nombreux que prévu... on a été prit à revers et on s'est replié vers le jumper du mieux qu'on a pu, et il a reçu une balle en dessous de la poitrine. Vu le résultat je ne suis pas sûr que "mieux" soit très approprié. Ajouta le militaire avec un sourire cynique en fixant l'horizon.

Non, il n'était vraiment pas dans son état normal et ça se voyait. Mais comment plaisanter dans une situation pareille ? L'un de ses hommes était mort, un autre était dans un état critique, et ils s'en étaient tous sorti de justesse. Il se demandait encore par quel miracle ils avaient bien pu grimper dans le jumper et s'échapper sans dommage supplémentaire.

Si il se sentait coupable ? Quelle question ! Bien entendu qu'il se sentait coupable, d'autant plus que tout cela était encore très frais dans son esprit. Et comme si cela ne suffisait pas cet événement venait lui rappeler la mort du Colonel Sumner, qu'il n'avait pas non plus réussi à sauver... à cela il fallait ajouter Ford qu'il n'avait pas non plus réussi à retenir sur la cité, et la liste s'allongerait sans doute encore dans un avenir plus ou moins proche. Oh, il savait très bien que c'était le privilège qui s’assortissait à son poste, mais il ne pouvait s'empêcher de ruminer une certaine amertume. Bon bien sûr il enfouirait ça tout au fond de lui, avec le reste, histoire d'aller de l'avant. Il n'était pas le genre d'homme à s’apitoyer sur lui même, mais ce soir c'était différend.

- Merci. Dit-il sincèrement en tournant la tête vers elle, l'air reconnaissant. Je ne peux m'empêcher de me dire que si je m'étais moins précipiter... mais bon, ce qui est fait est fait après tout. Si Avery s'en sort ce sera déjà une bonne chose. Il fit une petite pause avant d'ajouter avec un léger sourire, histoire de détendre un peu l'atmosphère.. Et puis on a toujours pas pu faire cette partie de golf.

Néanmoins il avait du mal à le garder ce sourire, et ce n'était pas mieux du côté de son humour. Comme quoi même le grand John Sheppard n'était pas insensible à tout ce qu'il lui tombait dessus.

- Je me demande si... enfin je... non, oubliez ça. Dit maladroitement le Colonel en reposant les yeux sur la femme qui se tenait à ses côtés, un sourire – spontané cette fois – se dessinant sur ses lèvres alors qu'il remarquait son expression. Oui je sais, un militaire avec des sentiments c'est assez perturbant... mais que voulez-vous, j'aime me démarquer des autres.

Il ne se sentait jamais à l'aise lorsque l'on abordait le terrain des sentiments personnels, et ça se ressentait dans sa façon d'agir. Il aurait voulu reprendre le visage que tout le monde lui connaissait et passer à autre chose, mais c'était beaucoup plus difficile qu'il ne l'aurait pensé. Et puis se trouver dans une telle situation en compagnie d'Elizabeth le perturbait un petit peu. Cette proximité... c'était assez... inhabituelle.

Elle lui sourit amusée. il ne pouvait s'empêcher d'embêter ce cher mckay même quand il n'était pas la. Un citron dans sa poche rien que ça ? Elle savait que les deux hommes étaient liés par un lien spécial. Ils étaient très amis et feraient sûrement tout pour sauver l'autre, mais aucun des deux n'étaient capable de montrer son attachement a l'autre. C'était amusant de voir leurs petites disputes bien quelle doivent souvent y mettre fin. Cela la détendait, on les aurait souvent pris pour un vieux couple.

Mais bien vite ils passèrent a un sujet beaucoup plus sérieux. Elizabeth eut la mauvaise idée de toujours en revenir au travail, qui plus est lorsqu'il était arrivé quelque chose de tragique. Mais c'était également le rôle du colonel de lui faire son rapport de ce qui s'était passé pendant son absence, que ce soit agréable a entendre ou non. La dirigeante lui demanda bien évidemment avant toutes choses des nouvelles de ses hommes. Malheureusement Carson n'avait pas encore la moindre idée de quand la jeune recrue allait se réveillé et surtout si il y aurait des séquelles. Elle soupira et resserra sa prise que la barrière du balcon. Elle l'observa du coin de l’œil, écoutant avec attention ce qu'il avait à lui dire. Tout ceci semblait sensiblement le toucher... Il fallait qu'elle le réconforte, elle le savait.

«  Je suis sûre qu'Avery va s'en sortir, il est costaud ne vous inquiétez pas. »

Elle ne savait pas trop quoi lui dire. Elle commençait à connaître le gaillard et savait qu'il avait beau se montrer sur de lui, au fond il avait besoin qu'on le rassure, qu'on lui dise qu'il avait pris la bonne décision. Elle n'avait jamais réussi à le conforter concernant Summers, peut-être réussirait-elle à le faire aujourd'hui ? Elle n'y croyait pas trop, mais au moins elle essayait. Après tout elle avait besoin de son second non ? Même si ce dernier était encore touché de la disparation de Ford. Décidément ce n'était pas la joie dans la petite tête du Lieutenant- Colonel.

Elle en rajouta, lui indiquant qu'il avait fait ce qu'il avait pu. Elle voulait bien lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute, qu'il ne devait pas s'en vouloir. Elle tentait de préparer son petit discours pour lui remonter le moral, mais elle avait du mal à trouver quoi lui dire. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres, une partie de golf ? Elle lui lança un petit regard qui en disait beaucoup, peut-être même trop ? Il faisait toujours semblant, c'était presque douloureux pour la jeune femme en réalité, il ne lui faisait pas confiance ? Ce n'était pas grave, c'était John, c'était un militaire, c'était normal. Elle observa l'océan quelques instants. Ce paysage était toujours agréable, apaisant. Elle était aussi contente d'être au côté de John, ce n'était pas tous les jours que leur relation était aussi calme... Bien que depuis l'attaque des wraiths ils se disputaient moins. Peut-être parce qu'il avait enfin compris qu'elle lui faisait confiance et qu'elle pensait juste différemment de lui ? Ou alors c'était ce regard qu'il s'était lancé avant qu'il parte en mission suicide... Ou cette accolade qu'elle lui avait fait à son retour. Enfin malheureusement elle ne pouvait pas réellement profiter de cette présence au vu de la situation extérieure.  

Elle reposa alors son regard vert sur le jeune homme. Elle fronça les sourcils quelques instants. Oubliez ? C'était mal la connaître. Elle inspira et se mit contre l'un des poteaux du balcon. Elle le fixa quelques instants, attendant qu'il finisse son speech. Elle leva les yeux au ciel.

«  Je n'ai jamais dis que les militaires n'éprouvaient aucun sentiment. » dit-elle simplement en le fixant dans les yeux. «  Je pense juste qu'ils ont plus de mal à les exprimer, voir à les écouter. »

Elle reposa ensuite son regard sur l'horizon. Elle cherchait ses mots, ce n'était pas facile.

«  Vous savez John... Vous êtes un excellent militaire, sinon je ne vous aurais pas choisi comme second et je ne regrette  pas mon choix. Alors si vous remettez en cause vos décisions, ne remettez pas en cause la mienne. » dit-elle. Elle laissa quelques instants de silence pour ensuite ajouter.

Elle aussi se sentait coupable de toutes les perte qu'ils avaient eu en un an...Elle s'était plusieurs fois dit qu'elle aurait aimé donner sa vie pour qu'eux retrouve la leur, mais c'était impossible ; Elle se ressassait souvent les mêmes scènes, se demandant si il y aurait eu autant de pertes si elle avait pris une autre décision. Elle se sentait responsable, après tout c'était elle qui les avait tous diriger jusqu'ici ? Lorsqu'elle repensait à l'attaque des wraiths elle en frissonnait encore...C'était tellement chaotique, elle avait failli perdre tellement d'amis..


« Vous ne pouviez pas savoir, pour Adams, pour Avery ou encore pour Ford. Vous n'êtes pas responsable de tout ce qui se passe durant les missions, vous n'êtes qu'un être humain John... »

Sa voix était douce, elle ne voulait pas le brusquer, juste le rassurer et le pousser à la confidence. Elle espérait qu'elle avait fait mouche, ce n'était jamais facile de savoir avec lui.

[side]désolée cest pas top [/side]

Il avait de grands doutes concernant Avery, mais il préférait ne pas les exprimer à voix haute. Après tout n'était-ce pas lui l'optimiste de l'expédition ? Bon, les événements récents lui avaient quand même collé un sacré coup, ça il n'allait pas le nier, mais ce n'était pas une raison pour le crier à la face du monde. Bien sûr au vu de son attitude avec la dirigeante de la cité on pouvait en douter, mais lui même était surpris de ce brusque changement d'ambiance entre eux. Il avait tellement l'habitude d'entretenir des rapports professionnels avec elle qu'il en oubliait parfois que c'était également son ami. Du moins pour lui, même si il espérait qu'elle ressente la même chose de son côté. Surtout depuis l'attaque des wraiths... ce genre d'événements avaient le don de rapprocher les gens. Et puis cette accolade voulait bien dire quelque chose non ?

Bref, toujours est-il qu'il avait maintenant les yeux dans celui de la femme qui se tenait à côté de lui, un sourire sur les lèvres qui inconsciemment devait chercher à cacher son réel état d'esprit. S’apitoyer sur son sort ce n'était pas son genre, pourtant il avait l'impression qu'elle comprenait qu'il avait grandement besoin de s'exprimer.

- Et pourtant on essaye de travailler sur nous même pour changer tout ça vous savez.

Ce n'était pas sérieux, et ça se voyait, mais c'était du Sheppard tout craché. A croire que le mythe du militaire bourrin et sans cervelle théorisé par l'éminent Docteur Meredith n'était pas totalement faux au fond. Non, ce n'était pas possible en y réfléchissant bien. Il ne fallait jamais écouter ce type lorsqu'il se mettait à râler, déjà parce que c'était le meilleur moyen de choper la pire migraine de sa vie mais en plus parce qu'il avait une forte tendance à sortir des bêtises. Malgré tout ça c'était son ami... comme quoi John n'était pas l'homme le plus rationnel qui soit.

Il continua de la regarder tandis qu'elle venait de tourner les yeux vers l'horizon. Il savait que rien ne réussirait à l’apaiser totalement, mais il lui était grandement reconnaissant d'essayer. Sans elle il aurait sûrement passé la soirée à ruminer toutes ces choses qui s'accumulaient dans sa tête depuis le début de sa carrière, et peut être même qu'il aurait commencé un second rapport, preuve ultime de son mal être. De toute façon chaque mort sous son commandement avait le désagréable don de faire resurgir pas mal de souvenirs dans son esprit... or la plupart n'étaient pas spécialement plaisants.

Elle reprit alors la parole, et John l'écouta attentivement avant de laisser échapper un petit sourire. Elle avait réussit à le toucher, même si comme cela ça ne paraissait pas grand chose. Elle avait fini par avoir confiance en lui, et c'était réciproque. Même si actuellement il commençait à se demander si sa foi en lui était bien fondée...

- Je crois que vous êtes la première personne à me dire ça. Dit-il d'un air à demi amusé en se remémorant tous les rappels à l'ordre qu'il avait pu recevoir pour cause d'insubordination. C'était à la fois étrange et plaisant, et surtout quelque peu réconfortant. Il resta néanmoins sans voix quand elle lui parla de ne pas remettre en cause ses décisions. Ils s'étaient souvent disputés pour ça durant la dernière année justement, mais ce soir c'était différent. Que pouvait-il répondre à ça ?

Et ce fut d'autant plus vrai lorsqu'elle reprit la parole. John troqua alors son sourire pour un air pensif qu'il tourna vers l'horizon, gardant toujours une oreille attentive à l'intention des paroles de sa compagne du soir. Ce qu'elle disait était parfaitement logique et il le savait. Pourquoi se torturer l'esprit avec des pertes qu'il n'aurait pas pu éviter ? Non, il y avait toujours un moyen de faire autrement. Ces hommes étaient sous son commandement, et ça changeait toute l'histoire. Cependant ses mots faisaient leur chemin dans son esprit, lentement certes, mais sûrement. N'était-ce pas du pur bon sens ?

- Un humain responsable de tous ces hommes. Répondit le militaire quelque peu pensif les yeux baissés vers l'océan avant de reprendre. Je sais que vous avez raison, mais... je peux pas m'empêcher de me dire que j'aurais pu faire quelque chose autrement, et...

Il ne put pas poursuivre plus avant que l'alarme se déclenchait. Une activation extérieure apparemment, de là à savoir qui c'était... comme quoi le destin semblait refuser d'accorder ne serait-ce qu'un simple moment d'intimité aux deux responsables de la cité. C'était peut être mieux ainsi après tout. Commencer à parler à cœur ouvert lui laissait ressentir une sensation quelque peu étrange.

- Le travail n'attend pas on dirait. Lâcha Sheppard avec un sourire qui cachait tant bien que mal sa déception tandis que Chuck se mettait à sonner le clairon par l'intercom. Vous attendez un invité ?

Quitte à fermer cette parenthèse autant se remettre dès maintenant dans le rôle qui était habituellement le sien. Il espérait maintenant qu'il y aurait un autre moment comme celui-ci à l'avenir... rien n'était moins sûr, mais on pouvait toujours rêver. Pour le moment on semblait les attendre en salle d'embarquement. Les responsabilités, qu'est ce que c'était usant...

La dirigeante était fatiguée, mais elle cachait bien son jeu. Pour elle il était important de aire rentrer dans la petite tête de son second qu'il n'était pas responsable de ce qui venait d'arriver. Les seuls responsables étaient les Genii c'était très clair pour elle. Mais au fond d'elle elle le comprenait, c'était pareille de son côté, elle se sentait coupable d'envoyer ces hommes à travers la porte, après tout c'était elle qui leur donnait cet ordre non ? Mais ce n'était pas elle qui appuyait sur la détente, tout comme ce n'était pas lui.

L'attaque des Wraiths avait mis un sacré bazar dans la cité, déjà ils leur avaient fallu plusieurs jours pour remettre en état la salle d'embarquement et le reste. Et puis c'était surtout le moral des troupes qui avaient baissé. Elle se doutait que beaucoup avait perdu des êtres chers, elle le savait. Elizabeth n'était pas assez idiote pour ne pas se rappeler de tous les corps qui avaient jonché le sol quelques semaines plus tôt. La diplomate elle même n'avait plus beaucoup de joie de vivre... Elle avait cru trouver du réconfort en rentrant sur terre, mais ça avait été tout le contraire. Elle avait compris que son choix pour l'expédition était un non retour, qu'elle allait vouer sa vie pour Atlantis. Au fond, elle était fière d'être à ce point impliqué, mais il y avait aussi cette petite idée qui lui trottait dans la tête. Simon l'avait quitté pour une autre, ses amis l'avaient oublié. Plus rien ne l'attendait sur terre, il n'y avait plus qu'Atlantis, il n'y avait plus que la dirigeante de cette cité. Le travail était devenu sa vie et sa joie de vivre disparaissait petit à petit, se plongeant sans relâche dans le travail. Ses amis ne s'en étaient pas encore rendu compte, elle trouvait tellement d'excuse qui semblait plausible. Seul Carson était au courant mais le secret médical lui permettait d'être sure que rien ne s'ébruite et puis Carson était son ami non ?

Quoiqu'il en soit elle tentait de rassurer son second comme elle avait toujours eu le don de le faire. C'était sa façon de parler ou sa présence qui souvent apaiser les gens, c'était bien pour cela qu'elle était rentrée dans la politique aussi facilement et avec tant de facilités. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la dirigeante. Il travaille à écouter ses sentiments ? Elle savait que John était un dés militaire les plus humains qu'elle connaissait, il n'avait en rien besoin de travailler la-dessus. La preuve en était ils étaient tout les deux là sur ce balcon, s'en voulant pour quelque chose qu'il n'aurait pas pu évité.

Son regard était tourné vers l'horizon, mais elle sentait bien les yeux de son second sur elle. Elle tourna la tête et lui adressa un sourire réconfortant, les yeux dans les yeux avant de détourner de nouveau le regard. Elle reprit de nouveau la parole, lui vantant ses mérites militaires et humain. La première personne à lui dire ?

«C'est parce que je n'ai rien à perdre et je sais que je peux vous faire confiance. » ajouta-t-elle d'un air résolu. Ils avaient avoir eu de nombreuses disputes par le passé, elle savait qu'ils commençaient doucement à apprivoiser l'autre. Il avait fallu prés d'un an, mais ils étaient sur la bonne voie pour se comprendre.  Après un long même de latence, la jeune femme reprit la parole, lui révélant qu'il était un simple être humain et qu'il ne pouvait pas porter tout ce poids sur les épaules. Elle tentait de le remettre sur le bon chemin, lui faire remarquer qu'il était bon dans ce qu'il faisait et que il ne pouvait pas tout maîtriser.. Seulement cela ne semblait pas lui être réceptif. Un humain responsable de tous ces hommes ? Qu'est ce qu'elle devrait dire... Elle était sa supérieur, elle savait ce que c'était d'être responsable. Elle l'écouta attentivement, observant avec lui l'horizon. Après quelques secondes elle reprit la parole.

« Avec des si on peut refaire le monde John... Sauf que ce n'est pas possible. Dites vous que ce n'est pas vous qui avez tiré, dites vous que vous ne pouvez pas tout maîtriser car c'est impossible... Je sais que dans ces moments là... On a envie d'abandonner, de se dire j'aurais du être à sa place. Mais on a besoin de vous Colonel. J'ai besoin de vous. » ajouta-t-elle avec un petit sourire de coin.

Elle ne voulait pas qu'il se sente coupable, mais elle savait que c'était impossible. Seulement, l'alarme retentit et les deux jeunes gens durent mettre fin à leur discussion. Si le travail n'attendait pas ? Ca elle le savait et elle savait aussi qu'il y en avait toujours. Elle fronça les sourcils et se retourna vers la cité. Elle lui adressa un fin sourire, un peu triste peut-être ou était-ce de la mélancolie ?

« Non  et vous ? » demanda-t-elle avant de se diriger à l'intérieur en courant. Le devoir n'attendait pas et ne leur accordait pas de repos.