La coque du cargo toute entière se trouvait illuminée par les doux reflets de l'hyper-espace. Les rayons de lumières bleu azur venaient se mêler aux au gris terne et aux fines dorures de la carlingue du vaisseau goa'uld. Taténen ne donnait guère plus d'attention à ce spectacle pourtant magnifique, tant il avait voyagé. Assis dans le fauteuil de pilotage et les mains sur la console de commandes, le goa'uld pensait à l'avenir, l'avenir proche. Na'Alep, son prima, se trouvait dans la soute depuis un certain temps déjà à pratiquer le Kel'no'rim. Une chose nécessaire pour les jaffas portant encore un symbiote en lui. Na'Alep termina finalement sa séance de méditation et rejoignit Taténen. A sa grande surprise, il remarqua que le vaisseau venait de quitter l'espace conventionnel, pour une destination qui lui était inconnue. Le prima s'installa sur le fauteuil du copilote. Taténen ne détourna pas les yeux de l'horizon, mais s'adressa à son prima.

 « Comment se passe ton Kel'no'rim ? Ton symbiote n'est pas trop agité? »

  « C'est vrai qu'il s'agite souvent. Le Kel'no'rim est nécessaire de plus en plus souvent, mais heureusement cela l'apaise encore un peu. »

 « Comme je le pensais, il va bientôt arriver à maturité... C'est un problème que nous résoudrons bientôt. »

 « Ne vous inquiéter pas pour moi, mon seigneur. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. »

 « Certes... Mais c'est la première fois que nous n'avons pas de larves à dispositions.»

Na'Alep, il est vrai, n'avait pas pensé à ce détail. Son précédent symbiote était arrivé à maturité peu de temps après la disparition de Taténen, une époque encore faste où les goa'ulds dominaient encore la galaxie, où les temples accueillaient encore les jarres sacrées accueillant les larves en abondances. Mais cette époque était révolue. Qui plus est, le seul goa'uld encore en vie ou accessible à sa connaissance se trouvait à côté de lui. Mais pour l'heure, ils étaient en chemin vers une nouvelle destination. Na'Alep commença alors à questionner son maître à ce propos.

 « Où nous dirigeons nous, mon seigneur ? »

Taténen ne détournait toujours pas le regard, il paraissait comme hypnotisé par le jeu de lumière, mais pourtant son ton et ses réponses ne laissaient nullement douter de sa clairvoyance.[/i]

 « Nous nous enfonçons au plus profond de l'ancien territoire de Râ. L’empereur possédait un domaine si vaste qu'il était constamment occupé à défendre ses frontières. Fortement occupé, il négligea un certain nombre de systèmes. Une négligence qui l'emmena même à en oublier l'existence d'un système en particulier...

Le front du prima se plissa un peu, témoignant de sa perplexité. Comment Râ, le Roi des rois, le maître suprême de l'empire goa'uld avait-t-il pu oublier l'existence d'un de ses propres systèmes stellaires ? Na'Alep hésita un instant puis fini par dire.

 « Pardonnez ma curiosité, mon seigneur, mais comment une telle chose à-t-elle put se produire?

Taténen ne détournait toujours pas son regard, fixant le couloir d'hyper-vitesse. Il répondit simplement.

 « Je me suis simplement assuré que le système en question disparaisse des cartes et les registres de l'empire... »

 « C'est là que vous compter reconstruire votre domaine ? »

 « Tu es perspicace, mon fidèle prima. Dans ce système se trouve la terre d'Amun't, une planète de taille moyenne. Une planète toute particulière...

Ce mot trouva immédiatement une signification dans l'esprit du prima. Amun't signgifait "Refuge" dans un ancien dialecte goa'uld. C'est alors que Taténen pressa une touche sur la console de pilotage. Au même instant, le sarcophage installé dans la soute commença à s'activer et à s'ouvrir. Taténen détourna alors le regard vers son prima pour la première fois depuis le début de leur conversation.

 « Le temps n'est plus aux questions... Prend les commandes, je dois me reposer... »

 « A vos ordres, mon seigneur. »

Taténen prit alors la direction de la soute et s'allongea dans son sarcophage. Pendant ce temps, le vaisseau continuait de filer à grande allure dans le couloir de l'hyper-espace.

Il fallut prêt de cinq heures au cargo pour rejoindre Amun't. Quelques secondes après que le vaisseau ait quitté l’hyperespace, Na'Alep entendit les rouages du sarcophage se mettre en marche, signe que son maître était de nouveau dispos. Alors que le prima se trouvait installé aux commandes, Taténen s'approcha. Le soldat se leva instinctivement pour laisser la place au goa'uld, mais ce dernier lui fit signe de rester à sa place. Il s'installa donc sur le fauteuil de copilote. Il observait la planète qui grossissait de plus en plus à mesure que le vaisseau s'approchait.

Taténen activa alors l'écran holographique du cargo. Ce dernier affichait une représentation de la planète ainsi que diverses informations en goa'uld. Un zoom fut effectué sur l'image holographique de la planète, sur une région du continent principal, une région contenant apparemment une grande chaîne de montagne. Un nouveau zoom fut effectué. Cette fois, l'ordinateur du cargo émis un bip et un message apparut à l'écran - - FORMES DE VIE DETECTEES - -

 « Rejoins  ces coordonnées. Il doit y avoir un endroit pour poser le vaisseau. »

Na'Alep acquiesça à l'ordre de son maître. Le grondement léger de la friction atmosphérique contre la coque du cargo allait en s'amplifiant. Sur l'écran holographique, de nombreux détails commençaient à apparaître. Il discernait surtout de la forêt, parsemée ça et là de vastes plaines. Au loin, droit devant, il entrevoyait plusieurs montagnes. La console émit à nouveau un bip. L'ordinateur venait de détecter un certain nombre d'habitation dans la région.

 « Impressionnant... Malgré toutes ces années, rien ne semble avoir changé. Nous devrions bientôt voir le village.

Na'Alep ce concentrait sur le pilotage, malgré une grande perplexité a propos de ce monde sur lequel son maître et lui venait d'arriver, un monde que son maître semblait connaître parfaitement.

Le village était nichée au pied de la face nord-est d'une montagne couverte de végétation sur une grande partie de sa surface. Il n'était pas très important. Une grande partie des bâtiments se déployaient sous le couvert des arbres. Taténen ordonna à son prima de tourner deux fois au-dessus de la zone avant de se poser au centre du village, sur la place centrale devant laquelle se trouvait un obélisque monumental frappé d'un certain nombre de hiéroglyphes.

Na'Alep quitta son fauteuil de pilotage pour se rendre dans la soute. Il prit une sorte d'armure, non pas une armure jaffa telle que les habitants de la galaxie avaient coutume de voir porter, mais une armure légère, qui en réalité ne protégeait que le buste de Na'Alep. Il pris un Zat, qu'il dissimula dans son dos, sous la courte cape qu'il venait de mettre sur ses épaules. Il possédait également un couteau attaché à sa ceinture, et enfin, il pris en main une lance-serpent, mais deux fois moins longue que d'ordinaire.

Taténen venait de mettre lui aussi son vêtement, fait d'un mélange de cape et de manteau. Il s'était également équipé de son gant goa'uld.

Le sas d'entrée s'ouvrit alors. Les deux personnages sortirent alors au dehors. Ils n'entendirent aucun cri, aucun appel, et personne ne se montra. Taténen avait le regard perplexe... Apparemment, il ne s'attendait pas à un tel accueil... ou du moins, il s'attendait plutôt à un accueil. Na'Alep observait lui aussi la situation. Des ses yeux de guerrier aguerri il scrutait le moindre signe, le moindre mouvement... Sans résultat. Et pourtant, il y avait bien de la vie dans ce village. Il s'adressa alors à son maître.

 « Ils sont plutôt timides... »

 « Plutôt oui... C'est étrange. Essayons de les faire se montrer. »

Taténen retira alors sa capuche afin de révéler son visage. Il commença alors à parler, avec sa voix de goa'uld. Une voix puissante qui tonna sur la place et dont les habitations renvoyèrent les échos. 

 « Je suis Taténen ! Le messager de Râ sur ce monde ! Où est le chef de ce village ? 

Il attendit un moment. Les secondes passèrent sans qu'aucune réponse ne leur parvienne.

 « Peut être qu'ils n'ont pas de chef ou bien qu'ils ne comprennent pas notre langue... »

Le goa'uld lança un regard à son prima qui venait de lui parler sans grande conviction... Un regard qui n'avait rien de réprobateur. Taténen prononça une nouvelle fois ses mots mais dans la langue traditionnelle des goa'ulds, la langue qui fut jadis parlée dans tous les mondes sous influence goa'uld. Là encore, pas une seule réponse.

 « Ils ont parfaitement compris... Il semblerait qu'ils aient besoin d'être un peu... motivé..... Où est votre chef ? Qu'il vienne se présenter à moi ou ce village en souffrira. »

Il avait à peine fini qu'une flèche jaillit de la droite. Elle toucha Taténen sur le côté, mais rebondit sur l'armure cachée sous son vêtement. Na'Alep s'était mis en avant devant le goa'uld, sa lance-serpent en joue.

 « Attends ! Tu as repéré d'où venait le tir? »

 « Oui. »

Le prima braquait sa lance vers une petite maison en pierre, de faible attrait, à deux étages, sur un des côtés de la place.

 « L'un de vous vient de tirer sur moi... Voyez les conséquences. »

Taténen donna l'ordre à son fidèle soldat. D'un regard sombre, rapidement, méthodiquement, précisément, Na'Alep entreprit de démolir le bâtiment. Il commença par les fenêtres et les portes en une dizaine de coups de lance destinés à décourager toute autre attaque. Il passa ensuite au bas des murs. Au vingtième coup, l'édifice se mit à trembler sur ses fondations. Des tirs supplémentaires sur le haut, puis sur le bas de nouveau, et dans un vacarme de tonnerre... le bâtiment s'écroula.

Tat'Hénen attendit que les derniers échos soient retombés avant de prendre de nouveau la parole.

 « Voilà les conséquences, lorsque l'on me défie ! Je le demande une fois encore : Où est votre chef? »

 « Ici ! »

Taténen pivota sur ses talons. L'homme qui se tenait devant le plus grand bâtiment du village était de taille moyenne et de forte constitution, avec des cheveux gris et une barbe courts. Il portait une robe brune, sa taille ceinturée de cuir, il portait des sandales lacées jusqu'au tibia et portait une sorte de couronne de métal. Il avait adopté une expression d'arrogance.

 « Vous êtes des étrangers... Des étrangers à ce monde. »

 « N'as tu pas entendu ce que j'ai dit ? Je suis Taténen... Le Grand architecte. »

[i]Le regard de l'homme se porta sur l'amas de décombres.

 « Vous avez détruit l'un de mes édifices... »

 «  Un de tes édifices... Qui t'as donné la propriété de ces terres? »

Na'Alep observait attentivement l'homme vêtu de brun qui osait lui tenir tête. Curieusement, ce dernier semblait plutôt calme, bien que visiblement, ce qui était en train de se passer était inattendu.

 « Tout ce qui est ici m'appartient... Je commande ce village. Du moins, tant que notre seigneur n'est pas revenu... »

L'espace d'un instant Taténen et l'homme se défièrent de leurs regards. Ptah vint alors briser le silence.

 « Je suis Taténen. Réjouis-toi, car aujourd'hui ton seigneur est de retour. Je veux accéder au temple dans la montagne... »

 « Je vais vous y conduire »

La réaction de l'homme sembla surprendre aussi bien Na'Alep que Taténen. Contre toute attente, l'homme commença à partir en avant, afin de montrer le chemin. Les deux personnages suivirent alors. Alors qu'il traversaient la place, Na'Alep interpella son maître.

 « Vous savez où nous allons, mon seigneur? »

 « Je sais parfaitement où l'homme nous conduis... Mais il était nécessaire que ce soit lui qui nous y conduisent. »

 « Je ne comprend pas, mon seigneur. »

 « Je me suis fait attaqué. Ce n'était le fait que d'un seul homme. Je crois deviner qu'il y a beaucoup plus qu'un seul individu ici. Toi et moi nous sommes vulnérables ici, malgré tes talents certains de combattant. Nous rendre là où nous allons par la force ne nous aurait conduit qu'à l'échec. En nous conduisant lui même, cela évite que les autres n'aient la même idée folle de nous attaquer... »

 « Pardon, mon seigneur, mais vous semblez connaître ce monde. Quel est-il ? »

 « C'est sur ce monde que j'ai élaboré la plus grande partie de mes inventions. Le temple où nous nous rendons est en réalité un entrepôt et un laboratoire... Là, sont entreposés de très nombreux artefacts que j'ai récolté au fil du temps et des trouvailles de Râ. C'est grâce à ses artefacts que j'ai conçu et développé les technologies dont usent mes semblables. Il y a aussi un nombre important d'artefacts que je n'ai pas encore étudié.

 « Pourquoi avoir installés des esclaves dans un endroit aussi secret et important et surtout dans un système en dehors de votre territoire ? »

 « Combien de temps crois-tu qu'un individu puisse mettre pour construire, seul, un vaisseau ?... Il me fallait absolument de la main d’œuvre sur place afin de construire dans des délais raisonnables, mes différents prototypes.

Quant à la raison qui a motivé le choix de cette planète... En m'installant ici, je m'assurais qu'en cas de difficultés, il me resterai une planète sauve qui ne tomberai pas aux mains de mes ennemis. Je savais que jamais personne ne réussirai à s’aventurer aussi loin dans le territoire de Râ, ce qui m'évitait d'avoir à entretenir des troupes...  En effaçant les coordonnées des registres de navigation, je m'assurait que Râ lui même ne découvre pas ce monde et que même si lui même venait à se trouver en difficulté, la tranquillité de cette planète serait assurée. »

 « Pardonnez moi, mon seigneur... Je pose trop de questions qui ne me regarde pas. »

 « En effet... Néanmoins, tu as prouvé à de nombreuses reprises que je pouvais te faire confiance. Et puis, ce monde va devenir le point de départ de notre nouveau dominion... En tant que mon second, il est nécessaire que tu saches certaines choses. »

 « Je suis honoré, mon seigneur. Pardonnez moi encore une fois... connaissez-vous l'homme qui se dit être le chef et qui nous conduit ? »

 « Non... Cela fait presque vingt années que je ne suis pas venu ici. Lors de ma dernière visite, j'étais adulé, connu de tous... Contrairement à aujourd'hui. Quant à cet homme je ne l'ai jamais rencontré. Il s'est passé bien des choses apparemment... »

 « Y a-t-il un moyen pour leur « rafraîchir » la mémoire ? »

Taténen se contenta d'esquisser une petit sourire en guise de réponse. Ils venaient de passer sous une arche de pierre avant de parvenir à la double porte massive du temple, sans qu'aucune flèche ne soit tirée sur eux. Le temple était d'aspect égyptien et allait se fondre dans le corps de la montagne.[/i]

La porte noire imposante avait facilement cédé à la force de l'homme qui les avait conduit ici. Tous les trois s'avancèrent dans la hall d'accueil, l'homme toujours légèrement en avant. Les murs de la salle étaient tous ornés de centaines de hiéroglyphes dorés. Plusieurs colonnes imposantes, toutes aussi richement décorées les unes que les autres, formaient un demi-cercle au milieu de la pièce. Diverses statues étaient également dispersées de manière ordonnée. L'homme s'était avancé jusqu'au milieu de la pièce et se stoppa.

 « Laissez nous! »

Tout d'abord, Na'Alep crut que le chef s'adressait à lui. Il était sur le point de protester quand, de part et d'autre, deux parties des murs s'ouvrirent, révélant des niches de garde d'où surgirent deux personnages aux muscles noueux. Ils décochèrent des regards hostiles aux deux hommes avant de passer leur arbalète sur l'épaule et de se retirer. Le chef attendit qu'il soient hors de vue avant de continuer en direction d'une seconde porte monumentale, au fond de la pièce.

 « Par ici... »

Les portes s'ouvrirent en silence sur des dizaines de cierges qui éclairaient une salle immense. Taténen reconnaissait la Grand salle où jadis il tenait audience, lorsqu'il était présent. Une salle d'audience transformée en crypte...

 « Qu'est il arrivé ici ? Pourquoi tous ces cierges jonchent-ils le sol de cette salle ? » Sommes nous dans un tombeau ? »

L'homme se dressait de dos devant Taténen, se dernier ne pouvait distinguer son visage, mais il perçu à l'intonation de sa voix, que le chef venait de sourire de satisfaction.

 « Vous êtes perspicaces étrangers. Ces cierges marquent les tombes de ceux qui, comme vous, sont venus pour tenter de prendre la place de notre seigneur... »

Alors que le chef parlait, Taténen percevait quelque chose d'étrange dans sa voix... Discrètement, le goa'uld glissa sa main à l'intérieur de son vêtement est activa son bouclier personnel. Na'Alep semblait avoir perçu quelque chose, mais Taténen lui ordonna tout aussi discrètement de ne pas bouger.

 « Alors... je suppose que vous allez nous tuer, maintenant? »

 « Quel dommage... Quel dommage qu'un être si intelligent disparaisse ! »

Une décharge d'énergie jaune caractéristique d'une arme goa'uld vint s'effondrer et se dissiper contre le bouclier de Taténen. Ce dernier n'avait pas bouger. Na'Alep quant à lui s’apprêtait à riposter mais son maître l'en empêcha.

 « Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas des étrangers ordinaires. »

L'homme, qui s'était retourné, lança alors un couteau en direction de Taténen. Le goa'uld leva en un instant son gant et envoya une onde de choc qui dégagea le couteau de sa course. Le chef du village semblait à la fois terrifié, du fait de ne pas avoir réussi ne serais ce même qu'à blesser les étrangers, et furieux, pour la même raison. Taténen venait juste de rabaisser son bras. Le regard du goa'uld était plein de jubilation et de satisfaction, non sans trahir une certaine exaspération.

 « Vous n'êtes pas comme les autres étrangers qui sont venus ici... Aucuns d'entre eux n'a réussi à survivre... »

 « Tu m'obligerais à devoir me présenter une nouvelle fois, misérable. Je suis le seigneur de ces terres... Tous ce qui t'appartient est miens, ce peuple est miens... Tu es miens ! »

 « Bien d'autres ont dit cela ! Taténen n'est plus réapparut depuis de très nombreuses années ! Il y a un signe que ne nous trompe pas ! Si vous étiez véritablement celui que vous prétendez être, le sommet de l'obélisque au centre du village devrait briller comme le soleil en ce moment... Or, il est toujours éteint ! Usurpateur! »

Les traits de Taténen commençaient à se crisper quelque peu. La conversation n'avait que trop durer. Le chef du village devait payer pour son impudence, son arrogance et son manque de respect. Mais la situation n'avait toujours pas changée, lui et son prima étaient toujours en infériorité numérique, et la population ne leur était pas acquise...

 « Très bien... Voici ce que je te propose. Raccompagnes nous devant l'obélisque afin que je montre à tous que je suis bien qui je prétend être... Je t'assure que si l'obélisque ne s'illumine pas, alors tu pourra prendre nos vies... C'est un marché équitable, non? »

Malgré une apparente réticence, le chef du village accepta la proposition.

 « C'est entendu... Allons-y! »

Il précéda les deux individus hors de la salle, en direction de la lumière du jour. Na'Alep interpella discrètement son seigneur. Taténen répondit en usant de sa voix ordinaire d'humain, afin que ces propos soient le moins perceptibles possible.

 « Que va-t-il se passer maintenant mon seigneur? »

 « Le dispositif qu'il a mentionné... C'est un système que j'ai mis en place dès que j'ai installé la colonie sur cette planète. C'était destiné à concentrer le moral de la population, à canaliser ses ressources... Tant que la lumière brillait la population n'avait qu'une idée en tête, me satisfaire au mieux. L'obélisque est en réalité un récepteur. Pour que le sommet se mette à briller, il doit recevoir le signal sur la bonne fréquence... Étant donné les années qui se sont écoulées, le récepteur a juste besoin d'être réinitialisé... »

Plusieurs groupes de gens s'étaient rassemblés sur la place en leur absence, se tenant à l'écart du temple et du vaisseau cargo. Tous chuchotaient nerveusement. A une exception près. A quelques mètres de distance, sur leur passage, se tenait un des deux gardes que le chef avait expulsés. On lisait sur son visage une expression de fureur à peine contenue. Il serait son arbalète qui était armée.

 « C'est sa maison que vous avez détruite. Il ne fait pas de doute qu'il aimerait se venger. »

Il avait à peine prononcé ces paroles que le garde leva son arbalète et tira. Le carreau vint s'écraser aussitôt sur la cuirasse dissimulée sous le vêtement de Taténen. Aussitôt, Na'Alep se saisi du couteau O'rak qu'il avait à sa ceinture et l'envoya directement dans la poitrine de l'attaquant. Le chef regarda tomber le corps de son garde au sol.

 « Comme je l'ai dit plutôt... Ceux qui s'attaquent à moi doivent en accepter les conséquences. »

Le chef fit demi-tour et poursuivit sa route. Enfin, le trio était de retour sur la place centrale, au pied de l'obélisque. Là, Taténen prit quelques distances afin de se mettre prêt de l'édifice. Il observa un instant son sommet. La pointe était faite de matière cristalline très dense mais néanmoins parfaitement translucide. Il se retourna alors vers la foule qui l'entourait et commença à parler tout en regardant d'un côté et de l'autre.

 « Peuple d'Amun't ! Pourquoi avez sombré dans la peur ?! Votre seigneur ne vous a-t-il pas promis de toujours vous protéger ? Ne vous a-t-il pas assuré de sa bienveillance et de sa générosité, tant que vous lui restiez fidèles et dévoués ?

Sombres ont été les jours qui viennent de passer ! Mais de nouveau... Reprenez espoir ! De nouveau redresser la tête et réjouissez-vous de ce jour ! Oui ! Aujourd'hui... Votre seigneur est de retour!! »

Immédiatement après avoir prononcé le dernier mot, Taténen leva la main équipée de son gant en direction de l'obélisque et l'activa comme s'il s’apprêtait à tirer. Des petits bruits commencèrent à se faire entendre à l'intérieur de l'obélisque... La population chuchotaient plus qu'avant et le visage du chef commençait à virer à l'écarlate.

Quelques secondes s'écoulèrent jusqu'à ce que le sommet de l'obélisque se mette enfin à briller d'une vive lueur blanche. La stupeur pouvait se lire sur tous les visages présents dans la foule. Taténen regardait l'obélisque briller avec une satisfaction certaine. C'est alors que dans la foule redevenue silencieuse, une voix forte s'éleva.

 « Notre seigneur est de retour ! Gloire à Taténen ! Vive Taténen ! Vive Taténen ! »

Partant comme une traînée de poudre, la foule se mit à scander une série d'acclamations en faveur du goa'uld qui semblait jubiler de l'effet qu'il avait réussi à produire. 

Le chef du village semblait totalement désemparé. Il regardait avec un grand effroi la population en train d'acclamer celui qu'il venait d'essayer d'assassiner... cet étranger qui de toute évidence semblait avoir trouvé un moyen de se faire passer pour le grand Taténen.

L'homme décida alors de se mettre à genoux et commença à ramper jusqu'à Taténen, en adoptant une posture plus que réductrice afin de lui montrer combien il regrettait de l'avoir traité ainsi.

 « Mon seigneur ! Que je soit maudit pour l'éternité pour avoir douter de votre retour ! J'implore votre pitié, mon seigneur. C'est très humblement que je vous fait serment d’allégeance... Mon seigneur, accordez moi de baiser votre main. »

Na'Alep ne l'avait pas quitté des yeux depuis qu'ils étaient revenus sur la place. Alors que le chef s’aplatissait au sol et rampait jusqu'à son maître, le prima s'était discrètement positionné afin de surveiller au mieux l'individu.

Taténen regardait l'homme se mettre à ses pied, non sans une pointe de mépris et de dégoût.[/color]

 « Tu espères vraiment implorer ma clémence, et la recevoir, après les affronts que tu m'as fait subir ? Après avoir essayé de me tuer, et de tuer mon prima ? Tu n'es rien !... Tu mérite de mourir ici et maintenant... Mais vu les circonstances, te tuer de suite risquerait de freiner l'ardeur et l'enthousiasme des mes sujets... Tu as la vie sauve pour aujourd'hui. »

 « Mon seigneur, votre bonté est sans égale. »

[i]Taténen venait de tendre sa main, poing fermé, afin que le chef du village puisse déposer brièvement ses lèvres dessus, en signe de soumission et d'allégeance. Alors que le chef était sur le point de le faire, ce dernier saisi le poignet du goa'uld afin de l'attirer vers lui. Dans le même temps, il sortit une lame qui était dissimulée dans l'autre manche de sa robe, afin de poignardé Taténen.

 « Usurpateur ! »

Alors que Taténen ne s'attendait pas à une telle manœuvre, trois détonations se firent entendre et résonnèrent dans toute la place... Le souffle du chef se fit soudainement saccadé et haletant alors que plusieurs panache de fumée s'échappaient de son dos. Il ne tarda pas à lâcher sa prise et à s'effondrer sur le sol. Derrière le corps se trouvait Na'Alep, la lance encore fumante braquée en sa direction.

Taténen reprit rapidement ses esprits et regarda son prima. Il lui adressa un regard significatif... un regard qui voulait dire merci. Le goa'uld s'adressa à nouveau à la foule.

 « Je suis Taténen ! Que tous sachent que je ne tolère pas la fourberie et rébellion ! Voyez le sort qui est réservé à ceux qui iraient contre ma loi! »

A cet instant, l'ensemble de la population mit un genou en terre et s'inclina. Taténen avait le regard grave mais satisfait. Il venait de reprendre pied sur cette planète. L'avenir s'ouvrait maintenant pour lui. De très nombreuses choses devaient être entreprises... Son entrepôt et son laboratoire devaient retrouver leur pleine utilité... Ce monde devait être transformé de manière à être digne d'assumer le destin que le goa'uld lui prévoyait... Bientôt la galaxie allait être témoin de la renaissance du dieu créateur.