Oh Darling! I love your accent!

La belle Cité d’Atlantis se dressait toujours glorieusement, malgré l’attaque des Wraiths. Oh bien sûr, cette dernière n’avait pas été sans conséquence, bien au contraire, elles étaient nombreuses. Les pertes humaines avaient été inévitables, bien que le corps médical avant franchement assuré. Jamais Laura n’aurait cru qu’ils arriveraient à sauver autant de monde. En fait, elle avait même, l’espace d’un instant, cru que personne ne serait sauvé. Le « On va tous y rester » avait très certainement traversé l’esprit d’à peu près tous les terriens -ou pas d’ailleurs, disons, tous ceux engagés dans cette bataille- avec un tant soit peu de rationalité. Les militaires avaient signés dès le départ et étaient parfaitement conscients des risques, d’autant plus pour ceux, qui comme Laura, avait rejoint Pégase en plein combat afin de soutenir le premier contingent. La jeune femme avait eût surtout de la peine pour les civils et leur famille. Quand on a épousé un militaire, quand il est de votre fratrie, de vos enfants ou de vos parents, vous vivez avec la crainte de voir débarquer des types en uniforme, avec leur visage terriblement neutre, vous annonçant un décès. Quelques parts, vous y êtes préparés. Or, quand c’est un civil, médecin ou scientifique, vous ne vous y attendez pas du tout. Le choc rend la peine plus violente, il la multiplie par un chiffre que l’infinie ne pourrait même pas exprimer. Atlantis et ses habitants étaient en deuil. C’était difficile pour les primo arrivants de déambuler dans les couloirs comme avant, de faire comme si de rien était, alors qu’une semaine plus tôt, ils étaient dans ces mêmes couloirs avec leurs collègues, souvent devenus leurs amis, en sachant qu’ils ne les reverraient jamais, en étant parfois hanté par leurs images, leurs derniers cris, leurs derniers souffles. La jolie rousse s’estimait assez chanceuse de ce côté-là. Elle ne connaissait pas grand monde de ceux qui étaient sur Atlantis. Elle avait croisé quelques blessés avec qui elle avait déjà travaillé, sans plus. Voir, parmi ses troupes, des hommes avec un trou béant au ventre, un bras arraché, une jambe sectionnée… Elle commençait à s’y habituer. Non, elle n’était pas devenue insensible, ça lui filait toujours autant la nausée ; cependant elle avait appris à le cacher et à gérer le « après ». La troisième mi-temps. C’était le plus délicat ; il fallait s’occuper l’esprit et divertir les autres, il suffisait qu’un d’entre eux en reparle pour que les visages sombres refassent surface. C’était une lutte intérieure, que chacun devait mener pour la collectivité. Vieux souvenir d’un cours de lycée pour Laura.

Alors la vie reprenait son cours, petit-à-petit, non sans difficulté. Néanmoins, chacun s’accrochait. La jeune Lieutenant avait, comme ses camarades militaires, reprit l’entrainement quotidien. Toutefois, elle avait sa propre façon de faire, en déplaise à certains. Ils ne la connaissaient pas mais apprendraient rapidement à le faire. C’est baladeur aux oreilles et chantonnant qu’elle joggait. « ‘Cause you’re everywhere to me… » On lui disait souvent qu’en courant, il fallait plutôt garder son soufflé, et se taire.  « And when I close my eyes it’s you I see…» Mais peu lui importait l’avis des autres. Elle faisait les choses à sa façon. « You're everything I know that makes me believe I'm not alone...  » Ah non en effet, pour le coup, elle n’était pas seule. Elle venait de percuter un homme, et ça avait envoyé son baladeur tout neuf à deux mètres d’elle. Laura lança un regard réprobateur à celui qu’elle considérait déjà comme l’idiot qui ne regardait pas où il allait. Elle non plus, certes ; mais un gentleman prends les fautes sur lui, pas vrai ? Les mains sur les hanches, elle le regardait de haut en bas, et très vite, elle haussa le ton. …et ce qui devait arriver arriva. Ils finirent par régler ça sur le tatami. C’est ainsi qu’un quart d’heure plus tard, ils débarquèrent tous les deux à l’infirmerie. Au moins, ils avaient mis un peu d’animation en salle d’entrainement. Elle n’avait que quelques bleues, pourtant elle évita de faire le faire remarquer : son adversaire du jour avait l’arcade sourcilière amochée, et elle avait compris trop tard qu’il était mieux gradé qu’elle. Oups.

L’infirmerie semblait déserte. Laura soutenait sous l’épaule le Capitaine dont elle avait oublié le nom. Dommage que ça ait mal commencé, mit sa part un excès d’orgueil, il n’était pas mal du tout : grand, musclé, de beaux yeux azur ; il ne devait pas trop avoir de problème avec les femmes. Enfin jusqu’à aujourd’hui. La dérouillé que Laura lui avait flanqué allait ternir sa réputation. Elle le laissa s’asseoir sur un lit -le pauvre homme se disait prit de vertige, ce qui arracha un rire léger à Laura, en toute discrétion, évidement. Elle s’avança davantage dans l’infirmerie, en quête du personnel soignant.

« Excusez-moi, il y a quelqu’un ? »