Le reste se déroula comme l’avait expliqué la jeune docteure. On la maquilla et elle dissimula sa masse de cheveux dans une perruque d’une couleur et d'une taille différentes de la sienne. Elle était quasi-méconnaissable.

- Eh ! on peut faire une blague à Daniel ? Vous me présentez à lui comme une nouvelle spécialiste et…

Prenant le temps de réfléchir, elle se rappela la raison de sa venue.

- Il fait annuler la mission, conclut-elle dans un murmure. Laissez tomber, on fera ça en rentrant, s’exclama-t-elle alors dans un grand sourire.

Elle allait répondre à Cerise lorsqu’elle constata l’effectif qui les accompagnait.

- Woh ! Vous comptez débarquer avec le bataillon, là ? Ha bah on n’est pas prêt de faire des affaires ! J’espère qu’ils savent se faire discrets vos hommes !

Elle haussa les épaules, en mettant son sac sur son dos. Remarquez, elle risquait moins de finir à danser au bout d’une ficelle avec une telle armada.

Le vortex fut créé et tout le beau monde traversa la porte. Cette même porte était déjà gardée par les luxiens. Son accoutrement serait directement mis à l’épreuve. Elle se pencha vers Cerise pour lui murmurer à l’oreille :

- Je pense que ça répond en partie à votre question… Ils sont un poil plus organisés que ce que vous pensez…
- Déclinez votre identité, votre provenance et déposez vos armes à feu dans la caisse juste là.

« Flûte, on n’a pas discuté de l’alibi ! »

Pour le coup, la terrienne avait plutôt intérêt à être inventive. Vala préférait pour le moment éviter de se faire remarquer. Il s'agissait à première vue de contrôles de routine et avec un bon scénario ils passeraient l'étape sans trop de difficultés.

Et voilà qu’à peine arrivé c’était déjà la cata ! Enfin la cata, pas encore. Cerise regarda l’équipe de sécurité luxienne sans se démonter avant de mettre une claque sur la main d’un des luxiens qui tentait de la toucher.

-"Hey ! Bas les pattes trésor, t’es pas assez sexy pour que je te laisse me tripoter !"

Cerise posa ses mains sur les hanches en prenant un air imposant et non négociable.

-"Pour toi, ça sera Madame Barbie Kennedy."

Deux des militaires se mirent à rire nerveusement, ou c’était un fou rire.

-"Nan mais sérieux les gas, va quand même finir par vous y faire à ce nom !"
L’un des luxiens la regarda dubitatif et leva son arme avant de lui demander avec un mouvement du menton pourquoi il rigolait.

-"Et pourquoi ils marrent tes copains ?"


-"Déjà c’est pas mes copains, mais mes hommes crétin. Et c’est juste un jeu de mot à la con. Enfin j’y peux rien, si mon mari a un nom pareil…enfin avait !"

Il fronça un sourcil en la regardant.

-"Fallait pas chercher à me doubler. À son âge c’était suicidaire."

Il la regarda avant de partir d’un grand rire et de l’attraper par l’épaule en rigolant.

-"J’suis sérieux, vire ta main ou t’aura jamais d’enfants !"

-"T’as du caractère poupée ! Et j’aime ça… allez ce soir, j’te paie un verre a la taverne du Buveur fringant."

-"Ah bah avec un nom pareil ça en jette… Bon écoute trésor, ma copine et moi on ne veut pas d’emmerdes, on veut juste faire nos emplettes, s’en mettre plein les poches et aller faire la fête donc si tu pouvais y mettre du tiens."

Il lâcha Cerise en s’intéressant à Vala, sous l’œil exaspéré des militaires donc un fit un geste en avant pour se mettre entre le mec et Vala.

-"Et la copine elle a un nom ? Moi c’est Doramés… et viens nous tenir compagnie avec Barbie, je vous promets que j’y mettrais du mien… dans chacune."

Roh le lourd… Cerise avait des envies de meurtres.

-"Écoute, on s’amuse très bien toutes les deux, hein chérie… mais c’est vrai que des fois, un peu de compagnie ça fait du bien… Ah et… on aime le bon vin, vieux et cher. On est distinguées nous."

-"Ouais… je viendrais avec quelques potes..."

-"Super !!"

Cerise lui fit un sourire agacé. Cerise pensa en son for intérieur : Cool ! Viens avec tes potes, paie toi une bouteille hors de prix et sifflote la bien, par ce que tu ne risques pas de nous voir débarquer !
Les deux luxiens qui fouillaient le sac de Vala sous l’œil de celle-ci le lâchèrent finalement.

-"Bon, c’est bon circulez… et à ce soirs mes cailles."

Il regarda Vala en lui faisant un sourire qu’il voulait coquin en mimant un baiser. Eurrk… Cerise allait vomir, mais se retient.

-"Allez les garçons on se bouge et on n’oublie pas que je vous paie pas à l’heure mais à l’action."

Elle ne savait pas pourquoi mais Cerise sentait que dans pas longtemps elle avait se faire laminé par l’équipe militaire…
Quelques minutes plus tard, ils étaient dans un endroit calme, sur le chemin, personne à proximité. Et les deux militaires de plus tôt, James et Robinson explosent de rire.

-"Nan mais sérieux : Barbie Kennedy ?!!"

-"Je n’aurais qu’une chose à dire : Miles Quaritch."

-"Je l’ai pas connu, mais parait que c’était un sacré numéro."

-"Ah ça… je confirme.
Bon Vala, on fait quoi maintenant ?"

Et Vala de regarder Cerise gérer la situation. Des types comme celui-là, elle en croisait tous les jours, mais pour une fois c’était confortable de laisser quelqu’un d’autre s’en occuper. Elle rajouterait son grain de sel si ça tournait au vinaigre (et ça ferait une bonne mayonnaise ). Bref, elle n’avait pas sa langue dans sa poche et Vala songea qu’elle n’aurait pas souhaité l’avoir pour adversaire dans une de ses affaires.
Lorsqu’on s’intéressa à elle et à son identité. Elle se mit à réfléchir à toute vitesse.

« Miss Greed ? Déjà trop utilisé…  Sin ? C’est pas mal… »

Mais finalement, Cerise monopolisait tellement bien la parole et de toute façon son nom importait tellement peu le luxien que ça n’avait pas grande importance. Il était déjà persuadé qu’il ne passerait pas la nuit seul…
Cerise tenta de refroidir ses ardeurs en la faisant passer pour sa partenaire. Vala entra dans son jeu en passant son bras au tour de sa taille.

- Tout à fait !

Le rendez-vous fut tout de même pris, rendez-vous qui ne serait pas honoré. Fallait pas déconner, le type ne cassait pas trois pattes à un canard. Ils finirent de fouiller son sac et elle répondit au larron qui se voulait dragueur, par un clin d’œil entendu.

- À plus tard !

Ils s’éloignèrent, et Cerise s’expliqua auprès de ses militaires avant de lui demander la suite des événements.

- La ville est à quelques kilomètres. On va commencer par vendre tout ça, parce que sinon on ne montera pas très loin dans les enchères ce soir.

Elle marqua une pause avant de poursuivre :

- Et ça ne vous dit pas de vous reconvertir ? Vous pourriez facilement faire un malheur en affaire.

Ils se mirent en route et à mesure qu’ils approchaient, ils croisèrent de plus en plus de monde. Vala reconnut quelques têtes et s’étonna encore de ne pas se faire repérer. Ils finirent par passer l’arche qui faisait office de porte et entrèrent dans le village. Il y avait déjà foule et les stands avaient poussé sur la place et dans les rues. Il régnait une animation très festive et de nombreuses odeurs de nourriture se dégageaient des étals et des auberges. Des luxiens arpentaient la foule, reconnaissables par leur tenue caractéristique.

- Méfiez-vous, de nombreux luxiens ne portent par l’uniforme, chuchota-t-elle à l’oreille de Cerise.

Elle fit un tour d’horizon avant de repérer un commerçant.

- Lui, en général ne fait pas d’histoire et achète facilement. Mais attention c’est un roublard, il va essayer de vous faire croire que ça ne vaut rien. Ne vous laissez pas impressionner.

Hors de question qu'on la roule sur ces objets. Elle n'était pas très fan du concept "tel est pris qui croyait prendre".

Cerise écouta Vala et hocha la tête.

-"Bien. D’un côté le SGC ne nous a pas donné grand-chose… j’espère que ce que vous avez vaut le coup."

Cerise rit de bon cœur à la proposition de Vala. Naann… elle ne pouvait pas dire oui quoique…

-"C’est… une idée ! Façon ce n’est pas avec ce que me paie le SGC que je vais vivre une retraite tranquille. Rappelez-moi ça plus tard Vala.".

-"Je dois avouer que vous avez plus de corones que les civils habituels qu’on escorte mais docteur Mercier, maintenant je reprends la main et…."

Cerise leva un doigt autoritaire et lui coupa la parole par ce geste.

-"Désolé lieutenant Johnson, mais c’était plus crédible et ça l’est toujours. Par ce qu’en fait - et Vala me donnera surement raison – vu que vous n’y connaissez rien en vente aux enchères pourquoi ça serait vous qui mèneriez l’opération ? Tout ce que vous allez réussir à faire, c’est de nous faire repérer… J’ai déjà donné avec les prisons, froide… humide… brrr…
Vala ? Vous êtes d’accord avec moi, c’est plus crédible le boys band dont on loue les services comme protection non ?
En plus Johnson, c’est presque ça, vous assurez notre protection, à nous… pauvres femmes sans défense, alors aucun risque du coup qu’on se trompe.
Allez et je vous payerais une tournée quand tout sera fini."

Un grand sourire, des grands yeux vert pétillant ou on pouvait voir qu’elle n’en démordrait pas malgré sa voix douce…. Le Lieutenant Johnson, à la tête de cette mission soupira en abdiquant… d’un côté, elle n’avait pas tort, c’était sûr. Il la regarda alors qu’elle continuait à lui faire cette bouille sans le quitter des yeux. Un p’tit bout femme qui n’avait pas froid aux yeux. Quand il avait entendu dire qu’elle faisait tourner certains militaires en bourrique, il pensait que c’était au physique pas qu’elle était aussi… persuasive !

-"Le général m’avait prévenu que vous étiez une vraie chieuse, mais il était loin de la vérité…
Bien. Vous serez le cerveau de l’équipe, Ok. Par contre ne poussez pas le bouchon trop loin Barbie, ça vous couterez plus qu’une tournée."

Cerise hausa un sourcil vers Vala avant de répondre au tac o tac avec le militaire.

-"Et bien… je me ferais pardonnez devant un bon verre de bordeaux français. Ça vous va ? "

Ils se dirigèrent après cela vers la Ville, Cerise restant à côté de Vala, le boys band juste derrière elles. Elle hocha la tête pour les luxiens, de toute façon elle ne comptait pas détruire sa couverture (après il fait froid le soir c’est con )

-"Au fait, je vous… tu… bon ! Vu qu’on a dit qu’on était lesbiennes autant jouer le jeu. Je t’appelle comment ?"

Les militaires sourirent et elle leva les yeux au ciel. Les hommes !

-"Ok ok."

Cerise alla donc voir l’homme en question avec l’un des militaires avec elle, qu’elle laissa en plan 3 mètres derrière elle après 5minutes de conversation avec ledit marchant en prétextant qu’ils avaient besoin… d’intimité. Bref, 10minutes plus tard, à l’aide de sourire, et surtout d’un don de la négociation à faire pâlir Gaea l’invocatrice, Cerise revient vers Vala et lui montra le butin.

-"Alors ? Ça vous va ?

Dis… t’as pas envie d’aller faire un tour avant la vente ? J’ai besoin de m’entrainer. On pourrait faire quelques achats peu scrupuleux et les revendre plein pot, pour se faire plus de tune "
Cerise regardait Vala avec un grand sourire, encore sous l’adrénaline de sa vente… Dieu que ça lui avait manqué ! C’était bon ! Limite jouissif, mais c’était encore meilleur quand on escroquait gentiment des crétins qui n’y connaissait rien.

« bah ça vaut toujours plus que ce que j’ai payé pour… »

Elle eut un sourire amusé en se souvenant de cette énième magouille. Elle repensa à la réaction de Cerise un peu plus tôt.

« Cela dit, c’est pas sûr d’atteindre l’âge de la retraite avec ce job ! »

La question de l’identité revint sur le tapis. Elle eut soudain une idée et s’en amusa :

- Hum Alva… Alva Jackson ! conclut-elle avec un large sourire.

Pauvre Daniel. S’il avait été là, elle lui aurait fait perdre tout bon sens, une fois encore. Les plus attentifs auront noté la subtilité de l’anagramme de son prénom.

- Je vous évite le « Danielle », ça pourrait vraiment devenir étrange, blagua-t-elle.

Vala analysa le butin avec intérêt.

- Pas mal, nous avons de quoi faire. Et oui, pourquoi pas ?

« Ça fera d’autant plus de choses à rapporter et c’est mon passe-temps préféré ! »

Elle resta un instant songeuse. Et après, on allait encore dire qu’elle n’était pas quelqu’un de fréquentable.
Elle se pencha vers le militaire que Cerise avait rabroué quelques minutes plus tôt et lui glissa :

- Vous êtes témoin ! Quoiqu’il arrive, ce n’était pas mon idée… Je nie toute responsabilité dans la suite des événements !

Dans son souvenir, de toute manière, elle avait toujours nié les divers faits qui lui étaient reprochés ayant même tendance à se faire passer pour la victime en toute circonstance.

- Les événements de ce genre attirent plusieurs types de personnes. Il faut savoir repérer ceux qui sont assez malins pour réussir à vous vendre une planche de bois pour une fortune et ceux qui sont assez naïfs pour revendre leurs biens au prix d’une planche de bois. Tout un art, conclut-elle théâtralement.

La jeune femme jaugea la foule. On escroquait difficilement des commerçants. Beaucoup de vendeurs ici étaient spécialisés et ne se feraient pas avoir. Il fallait plutôt chercher du côté des nouvelles têtes et des amateurs.

- Essayons une auberge ou une taverne, elles pullulent de vendeurs à la sauvette tentant tant bien que mal de faire affaire. Et on trouvera peut-être le moyen de se faire offrir un verre, ajouta-t-elle avec un clin d’œil entendu.