Assise à la coiffeuse de la chambre, Bastet lissait ses longs cheveux. Son regard était attiré par les mouvements derrière elle : Dey rangeait méthodiquement ses affaires. Elle le lâcha du regard et reporta son attention sur sa chevelure. Bastet était partagée entre l’envie de partir et de rester. Mais elle savait qu’il lui fallait partir, ne serait-ce que pour éprouver ce qu’elle ressentait.
Ce qu’elle ressentait… Elle n’en était pas sure. Elle éprouvait de l’affection pour Taténen, une très grande affection. De l’amour ? Sa raison lui disait de se protéger… mais au fond d’elle, elle le savait et pour cela elle n’avait pas besoin d’écouter la petite voix de son hôte.
Elle respira profondément et fixa son reflet dans la glace. Elle. Elle si impétueuse et fière, elle si dominatrice et fourbe, elle sentait ses barrières tomber en la présence de Taténen.
Elle sourit amusée, baissant ses yeux en se perdant dans le vague. Taténen, son cher et tendre Taténen. Si froid, lisse Taténen. Son Taténen aussi si prévenant, persévérant et tendre ami amoureux d’elle.
Elle se remémora une scène. C’était lorsqu’il lui avait fait visité sa serre secrète et que la visite avait dégénéré en un câlin coquin. Elle n’allait pas dire que cela ne lui avait pas plus, loin de là, cela lui avait donné une nouvelle image de son adoré. L’image d’un mâle fier, vigoureux et attentionné aussi, et dévoué. Mais ce n’était pas leur corps à corps endiablé sur ce lit de mousse qui lui revient en esprit. Non. C’était après. Leur conversation, et la tournure que cela avait prise. Après cette discussion, elle était resté silencieuse un long moment, mais elle avait rougit pendant tout le dialogue de Taténen sur leur futur et ses yeux pétillaient d’admiration. Fallait-il qu’en plus d’être attirant, il soit beau parleur ! Enfin, disons qu’il savait lui parler à elle. Elle eut un frisson en se rappelant de la caresse sur son bras, de comment il l’avait serré pour lui prouver qu’il la protégerait et qu’elle n’avait pas à remettre sa parole en doute !
Soupirant, elle posa sa brosse, elle joua de ses mains dans ses cheveux pour faire une tresse, sans perdre le fil de ses pensées. Il la protégerait. Il la chérirait aussi, ce qui était une de ses craintes… peut être même qu’elle se débarrasserait de son harem. Après tout, s’il satisfaisait son besoin, pourquoi aller voir ailleurs ? Et surtout… Il avait parlé d’équité, et ça, ça faisait tout pour elle.
Elle se rappela n’avoir pas relevé pour le coup du trône, mais elle avait failli lui dire qu’elle pouvait s’assoir sur ses genoux. Mais elle n’était pas sûre qu’il goute à la plaisanterie! En tout cas, elle cela l’avait fait sourire quelques secondes.
Elle se rappela aussi l’odeur de sa peau, ses caresses, l’intonation décidée de sa voix. Oui, Taténen était bien décidé. Décidé à la prendre pour reine et à attendre qu’elle accepte. Il ne doutait pas qu’elle le ferait, et pourquoi en douterait-il après tout ? Elle l’avait appelé « mon roi » plusieurs fois, expression devenant plus naturelle à chaque fois.
Il lui avait vendu du rêve. Un rêve qu’elle se surprenait à vouloir se voir réalisé. Mais… par ce qu’il y avait un mais, elle ne voulait pas lui donner de réponse précipité et hâtive. Elle allait attendre d’être rentré sur Bubastis, de voir qui des deux viendrait à l’autre en premier et surtout… comment ils allaient vivre cette séparation. Puis… Il fallait qu’elle aille dans son atelier pour faire faire une robe de toute beauté, une robe tel qu’elle espérait que Taténen n’en ai jamais vu. Bref, cela prendrait du temps, mais le temps pouvait être nécessaire et leur permettre d’ajuster leur place l’un auprès de l’autre.
Elle s’aperçut qu’il n’y avait plus de bruit et que Dey se tenait derrière elle et la dévisageait. Elle haussa un sourcil et finit par attacher le bas de sa tresse.

-"Qu’y a-t-il, n’est pas parfait ?"

-"Si ma dame. Vos affaires sont prêtes, toutes."

Bien, alors c’était l’heure, il était temps.

-"Bien. Alors, allons-y."
Elle se leva et se dirigea vers la porte après Dey. Elle eut un petit regard en arrière vers la chambre vide qu’on lui avait assigné à son arrivée. Chambre qu’elle n’avait en réalité que peu utilisée, préférant celle de Taténen. Cette pensée la fit sourire et elle retrouva une certaine allégresse. Une fois dans le couloir, elle suivit Dey en regardant de si de là, le palais qu’elle laissait derrière elle, palais ou résidait son tendre Taténen.

Bientôt, ils furent descendus et Bastet releva le col du long manteau couteux que Taténen lui avait offert. Il était l’heure de partir. Elle l’attendait, après tout lorsqu’elle l’avait quitté ce matin pour faire préparer ses affaires, le laissant aussi régler ses problèmes administratifs, il lui avait dit qu’ils se verraient avant son départ.
Elle le vit apparaitre dans l’escalier et donna l’ordre à ses jaffas et à Dey d’avancer. Elle, elle resta en arrière et attendit Taténen. Quand il fut près d’elle, elle lui tendit sa main, lui en faisait un regard doux et langoureux. En rien elle ne se montra triste et malheureuse, elle resta égale à l’image classique qu’elle donnait d’elle, mais après, s’il lisait en elle, il pourrait voir plus.

-"Mon cher et tendre ami… comment te remercie de ce séjour si… intense ?
J’aimerais te remercier pour ta prévenance et tes attentions toutes « particulières » et délicate envers ma personne…"

Elle se rapprocha de lui, venant déposer un baiser tendre et affectueux sur la joue tout en caressant l’autre de sa main. Puis, elle bougea et vient lui murmurer à l’oreille.

-"J’espère qu’a l’occasion tu viendras me visiter et que je pourrais alors te rendre la pareil et te prouver qu’elle hôtesse remarquablement dévouée je peux être..."

Elle laissa glisser sa main de la joue de Taténen en s’écarta un peu, mais avant de s’éloigner de lui, elle vient l’embrasser.

-"Au revoir mon adoré, puisse les étoiles veiller sur toi. Et à bientôt, après tout… je ne devrais pas rester éloigné trop longtemps de mon futur roi si ?"

Les pas de Taténen étaient plutôt lents… Les mains derrière le dos, le goa’uld descendaient une à une les marches de marbres de son palais. Le moment semblait venu finalement… Paré d’une longue veste noir traînant un peu derrière lui, sur laquelle se trouvaient fixée de petites plaques en argents à des endroits précis, le goa’uld se faisait à l’idée que sa bienaimée allait s’en retourner dans son royaume… Un départ qui ne le laissait pas indifférent.

Lorsqu’il arriva enfin aupr-s de Bastet et de toute sa suite, Taténen ne laissait rien transparaître de son émoi… Comment le pourrait-il ?... S’il se devait de jouer son rôle devant les siens, il n’avait nul rôle à jouer devant Bastet. L’un comme l’autre se comprenait… C’est avec un grand sourire et le plus aimable des regards que Taténen pris la main que Bastet venait de lui tendre afin d’y déposer un baiser.

« C’est toi qui m’a honoré en acceptant mon invitation à séjourner ici et à partager ces précieux moments. »

Il y eu ensuite cette caresse sur sa joue puis ce baiser… Un baiser que Taténen ne voulait pas vouloir finir.

« Je ne doute pas de tes talents d’hôte, mon aimée… Dès que cela se peut, je viendrais te rendre visite sur ton monde… Je désespérerai d’être privé de la compagnie de ma reine…

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Nai Anar caluva tielyanna... (Que le soleil brille sur ta route)»

Alors qu’elle était en train de s’éloigner de lui, Taténen la rattrapa un instant et prit à son tour l’initiative de l’embrasser… Un ultime baiser avant son départ du palais.

Un à un les membres de la suite de Bastet franchir l’horizon des évènements du Chappa’ai ouvert vers Bubastis. Les Taténos avaient reformé la même haie d’honneur qui les avait accueillis à leur arrivée. Bien que cela ne soit pas spécialement prévu, Taténen avait tenu à accompagner lui-même Bastet pour son départ. Il avait lui-même entré les coordonnées… Alec’to et Na’Alep étaient présent eux aussi, bien qu’en retraient derrière leur seigneur.  

Lorsque ce fut le tour de Bastet de franchir le Chappa’ai, les deux goa’ulds échangèrent un dernier regard… Un regard amoureux et serein, ne doutant pas qu’ils allaient bientôt se revoir. Une fois le grand cercle de pierre redevenu vide de toute substance, Taténen prit une profonde inspiration et croisa ses mains derrière le dos… un petit sourire se dessinait sur son regard… Elle lui manquait déjà.